À travers ce récit, Itziar Ziga ne fait pas seulement le portrait d’une mère adorée ; elle met en lumière la folie d’une vie où l’amour, la peur, et la rébellion cohabitent. C’est brut, c’est violent, mais c’est aussi terriblement vivant. Et surtout, c’est l’histoire d’une femme qui finit par écrire sa propre fin aussi lumineuse qu’émancipatrice.
En 1990, la sonde Voyager 1 envoyait une photo tout à fait étonnante, celle d’un petit point bleu pâle perdu au milieu de l’espace. Aux confins du système solaire, dans une sorte de dernier adieu, la sonde se retournait et prenait 60 clichés des planètes gravitant autour du Soleil, dont celle de la Terre. “Pale blue dot” telle que l’a appelée l’astronome américain Carl Sagan.
La grande astrobiologiste, directrice du centre Carl Sagan pour l'étude de la vie dans l'Univers au sein du prestigieux SETI Institute, reprend le flambeau de l’astronome américain. Passionnée et passionnante, Nathalie Cabrol expliquait dans ses précédents ouvrages les recherches qu'elle mène pour tenter de découvrir des traces de la vie dans l'espace et notamment sur Mars avec la NASA . A l’aube de nouveaux horizons et L'Énigme cosmique de la vie sont deux livres qui vous émerveillent et vous surprennent à chaque page.
Mais pour appréhender la vie quelle qu’elle soit, faut-il encore savoir comment elle apparaît. Nathalie Cabrol nous rappelle que le passage entre la chimie prébiotique vers la vie reste énigmatique. C’est donc sur Terre que cette scientifique, notamment grande plongeuse dans des conditions extrêmes, cherche les aptitudes d’une planète à être habitable.
L’habitabilité: une notion que nous avons tendance à oublier tant notre Terre est accueillante. Et pourtant, elle ne le fut pas toujours. Reprenant l'évolution de notre planète depuis sa création, Nathalie Cabrol nous rappelle que la vie est résiliente certes mais qu'elle n'épargne pas les êtres vivants. La Terre a connu des tables rases. Pourtant, malgré les signaux qui se multiplient, nos sociétés font la sourde oreille quand il s’agit des mises en garde au sujet du dérèglement climatique actuel. Avons-nous donc oublié que la Terre peut exister sans nous mais que nous ne pouvons guère exister sans elle?
Et quelle est la part de responsabilité de la technologie et plus précisément du technosystème actuel dans notre aveuglement? Qu’est-ce qu’une humanité déconnectée de la nature? Et comment pouvons nous nous reconnecter à notre environnement qui est le seul à pouvoir nous permettre de survivre? La question est d'une actualité brûlante.
Nathalie Cabrol est ce qu’on peut appeler une personne charismatique: elle a cette énergie et cet enthousiasme qui vous donnent l’envie de soulever des montagnes. Elle se tourne donc vers nous après nous avoir fait tourner les yeux vers notre planète si belle, si accueillante, si singulière. Hubert Reeves nous élevait au rang de poussières d’étoiles, Nathalie Cabrol, nous rappelle à son tour que notre destin est inséparable de ce ” monde vivant au cœur d’une larme” .
Madeleine Riffaud fut l’une des grandes reporters françaises du XXème siècle parcourant l’Indochine ou l’Algérie au plus près des conflits. Mais elle est plus connue pour son engagement dans la Résistance grâce notamment à la bande dessinée chez Dupuis Madeleine résistante. Pourtant aux débuts des années 70, cette femme d’exception, grande lectrice de poésie et poétesse à son tour édité par Paul Eluard, militante anti colonialiste avant l’heure, décide de s’immerger dans un grand hôpital parisien. La journaliste souhaite cette fois rendre compte du travail et du dévouement des personnes évoluant au plus près des patients à savoir les infirmier.e.s et les aides soignant.e.s.
“Je ne vous écris plus du bout du monde. Cependant ce voyage en blanc présente quelques similitudes avec ceux dont je viens de parler (...)"
Par l’entremise d’un chef de service, ancien compagnon de la résistance, elle est donc embauchée pour faire le ménage au sein du service de cardiologie. Son journal va alors mettre en lumière le quotidien de tous ces employés des hôpitaux, largement invisibilisés qui sont au contact des patients. Hélène, Simon ou Justine, deviennent les figures de travailleurs en blanc “surexploités” et “sous payés” qui officient dans une forme de conscience professionnelle qui confine au don de soi-même. Le labeur, la fatigue si ce n’est plutôt l'épuisement, le contact avec la souffrance, la solitude, la peur, le désespoir, la mort. Comment faire face à cela quand on est soi-même cloisonné dans une vie précaire. C’est une enquête au “ras de carrelage” comme l’écrit Madeleine Riffaud; enquête qu’elle va poursuivre dans différents hôpitaux publics et privés. Le constat est le même: "je n’avais fait qu’entrevoir une misère immense, cachée derrière quelque réalisation de pointe servant de vitrine et d’alibi".
En lisant cette enquête, on pense forcément au Quai de Ouistreham de Florence Aubenas ou plus anciennement encore au 10 jours dans un asile de la journaliste américaine Nellie Bly, pionnière du reportage “clandestin”. On songe aussi à ces enquêtes d’investigation qui nous ont ouvert les yeux sur la condition des plus vulnérables en France comme les Fossoyeurs de Victor Castanet.
Madeleine Riffaud considérait le témoignage comme un devoir, elle qui avait survécu à la torture. Après avoir couvert bien des conflits à travers le monde, la journaliste résistante tend un miroir à notre société et 50 ans après, le terrifiant reflet est toujours d’actualité.