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Sélections en essais

Un printemps riche en Sciences humaines !

Le printemps arrive, et avec lui de belles lecturse en sciences humaines !

Une pluie d'essais en poche!

Voici une sélection d'inédits ou best sellers enfin en poche!

Dossiers

Pierre Bourdieu : Éditeur

La parution d’une étude de la correspondance entre Pierre Bourdieu et Erwin Panofsky aux éditions de Minuit est l’occasion de présenter un aspect de l’œuvre de P.Bourdieu : l’édition.

Amsterdam fête ses 20 ans !

Une maison d’édition qui bouscule la pensée !

Le libertarianisme

"Il y a un siècle, les barons voleurs bâtissaient des bibliothèques. Maintenant ce sont des fusées", ou comment les néo-libertariens, dans la quête toujours plus grande d'une liberté économique et sociale, menacent la démocratie.

Centenaire de la naissance de Gilles Deleuze : la joie de...

Le 20 mars prochain, à l'occasion du centenaire de la naissance de Gilles Deleuze, rendez-vous à la station ausone à 18h pour une conférence de David Lapoujade autour de Gilles Deleuze.

Politiques et savoir-faire du livre

Il est rare de croiser un éditeur. Arpentant les coulisses du livre, bien cachés derrière les étagères, ils sont celles et ceux qui, selon l'éditeur René Julliard lui-même, ont "l'art de salir avec de l'encre chère un papier coûteux pour le rendre invendable".

Etty Hillesum

Découvrez notre selection de livres sur Etty Hillesum, jeune femme déportée dans les camps, nous léguant son journal.

La psychanalyse à l'épreuve du contemporain

Ou ce que la psychanalyse a à nous dire des enjeux propres à notre monde contemporain.

Coups de coeur

Eloge du risque

Prendre le risque de vivre.
"Prendre le risque de ce qui est à venir est une prodigalité que l'on ne se permet pas. Car c'est risquer de tout perdre ce qu'on avait soigneusement amassé : habitudes, permissions, secrètes défaites, plaisirs furtifs, petits arrangements avec les morts. Risquer de voir ainsi toutes nos cachettes démasquées , sans assurance d'être un tout petit peu protégés? Non merci. Il est salutaire de se réfugier là où l'on peut n'est-ce pas..." 

Dans "Eloge du risque", Anne Dufourmantelle s'inscrit à rebours de notre tendance à la protection, au repli et à la répétition névrotique et nous encourage à consentir au risque de se blesser, de souffrir, de perdre et se perdre en impasses et fausses routes, seule façon peut-être de trouver le chemin vers l'acte ô combien rare et courageux de vivre pleinement. 

"L'instant de la décision, celui où le risque est pris, inaugure un temps autre, comme le traumatisme. Mais un trauma positif. Ce serait, miraculeusement, le contraire de la névrose dont la marque de fabrique est de prendre aux rets de l'avenir de telle sorte qu'il façonne notre présent selon la matrice des expériences passées, ne laissant aucune place à l'effraction de l'inédit, au déplacement, même qu'ouvre une ligne d'horizon."

Pour cela, il faut s'autoriser à sortir du sommeil de l'existence, de toutes ces formes de renoncements et de résignation qui nous enlisent dans les passions tristes et faire le pari de l'inconnu pour rendre enfin possible la rencontre avec l'intensité, la grâce, la joie, l'amour, la beauté, la liberté...en somme se donner la possibilité de faire l'expérience de la richesse de tessiture de l'existence et éprouver les effets de notre capacité à désirer, de notre pouvoir d'agir et d'accueillir les événements avec leur part d'imprévu.

Dans ce merveilleux éloge, au croisement de la philosophie et de son expérience d'analyste, Anne Dufourmantelle décline toutes les façons que nous avons de prendre ou pas le risque de vivre et nous donne une matière des plus précieuses pour notre réflexion à tous.

Boum boum : politiques du dancefloor

"Qui suis-je moi qui danse ?"
En citant des influences comme bell hooks, Mona Ozouf ou Georges Bataille, Arnaud Idelon dresse avec Boum Boum un portrait de la fête aussi intimiste que politique.
Qu'elle prenne place dans un entrepôt désaffecté, au milieu d'un champ ou dans un club parisien, le monde de la nuit trouve sous le style de l'auteur une beauté nouvelle, parfois pamphlétaire, parfois poétique, souvent les deux. Et si pour Idelon la fête est avant-tout la porte de secours des semaines trop longues, elle est aussi le terreau fertile des luttes sociales, aussi bien safe que brave space.
Une immersion au cœur de la fête, magnifiquement écrite, menée tambour battant. Grandiose !

L'heureuse et violente vie de Maribel Ziga

Maribel Ziga, "mère courage" entre l'amour et la rage
Comment raconter une mère ? Comment comprendre et décrypter une figure adorée, une féministe convaincue, mais aussi une femme confrontée à la violence de son mari ? C’est tout le propos de L'heureuse et violente vie de Maribel Ziga de Itziar Ziga.
À travers une langue volontairement simple, qui contraste avec le ton à "fleur de peau" de son récit, Itziar Ziga dépeint un portrait saisissant de sa mère, Maribel Ziga. Cette femme forte et complexe apparaît à la fois comme une figure flamboyante et la victime d'un mariage où la violence a fait régner la peur et l’angoisse.
En contrepoint de cette figure de femme, l'autrice fait le portrait d’un père violent, dont les accès de terreur imprègnent le quotidien de la famille, contraignant les enfants à développer des réflexes de survie pour échapper à cette domination. Mais au-delà du huis clos familial, Itziar Ziga raconte la trajectoire d’une femme qui, au fil du temps, trouve la force de se libérer de l’oppression. Ce parcours à la fois douloureux et émancipateur, est au cœur de l’histoire.
Ce livre est évidemment bien plus qu’un simple témoignage : par la sobriété de sa langue, Itziar Ziga laisse toute la place à la profondeur des émotions, rendant son texte intime et universel.

À travers ce récit, Itziar Ziga ne fait pas seulement le portrait d’une mère adorée ; elle met en lumière la folie d’une vie où l’amour, la peur, et la rébellion cohabitent. C’est brut, c’est violent, mais c’est aussi terriblement vivant. Et surtout, c’est l’histoire d’une femme qui finit par écrire sa propre fin aussi lumineuse qu’émancipatrice.

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La capitale de l'humanité

Ils ont rêvé d'une capitale du monde. Ils en ont conçu un plan, grandiose. Ils ont sculpté les statues destinées à peupler la ville. Ils ont voué toute leur vie à cette utopie. Jusqu'où sont-ils allés ?
1913. Alors que le monde s’industrialise et que la technologie avance à toute vitesse, une poignée d’idéalistes imaginent, conceptualisent et dessinent une ville nouvelle : la capitale du monde. Celle-ci, destinée à devenir le centre mondial des sciences, des arts, des techniques et des informations démarre au stade de l’utopie, s’étoffe, enregistre un certain nombre de soutiens importants et finit, de ramification en ramification, par parvenir à une certaine concrétude.

Cette histoire, aussi incroyable que vraie, aussi méconnue qu’ancrée dans la grande Histoire, est celle du rêve fou partagé par le sculpteur Hendrik Andersen, la dramaturge Olivia Cushing et l’architecte Ernest Hébrard. Leurs désirs idéalistes s’inscrivent alors dans le contexte de la Belle Époque qui, en dépit du grand récit faisant de cette dernière une période d’avant guerre permanente, fut aussi le moment des grandes idées pacifistes et internationalistes et d’un certain spiritualisme. D’où le succès et les soutiens obtenus, de Rodin à Camille Flammarion en passant par Albert Ier et quelques prix Nobel de la paix, par cette utopie pourtant aussi fantasque idéologiquement que démesurée architecturalement.

Derrière les grandes idées de progrès de l’Humanité, de mise en commun et de libéralisme religieux, se joue aussi quelque chose de plus prosaïque et intemporel : l’aventure humaine, l’amour. Car il semblerait que ce soit surtout cela qui animait Hendrik et Olivia, le couple à l’origine de cette cité idéale. Finalement, cette volonté de veiller au perfectionnement moral de l’humanité et de figer cette dernière dans un printemps éternel avait comme moteur un rapport romantique au monde ; un désir de dévotion à l’art, à la quête d’éternité. Sans doute est-ce cela qui rend ces personnages, pourtant un brin mégalomanes et pathétiques, beaux et attachants.

« Que des hommes aient pu, pendant des années, penser à la possibilité de créer une Cité internationale, belle de toutes les splendeurs de l’Art et de l’Architecture et qu’il y aient consacré toute leur force intellectuelle et tout leur temps, ce fait doit être pris en considération. »

L'internet des enfants : une histoire secrète de l'internet qui éduque, amuse et exploite la jeunesse

Une plongée fascinante dans un pan méconnu de l'histoire d'internet.
De l'engouement irrépressible à la technocritique la plus radicale, l'essor d'Internet et du numérique en général suscite les passions. Et chacun d'avoir un avis bien tranché sur le rôle et la place à donner à ces outils dans nos vies ainsi que sur leurs conséquences économiques, sociales et environnementales. Dans ce contexte, une critique se fait entendre peut-être plus fortement et plus souvent que les autres. Elle concerne l'usage du numérique chez les plus jeunes et le risque potentiel, réel ou fantasmé de la création d'un type nouveau de "crétin digital"*. Dans "L'Internet des enfants : une histoire secrète de l'internet qui éduque, amuse et exploite la jeunesse", le journaliste David-Julien Rahmil nous propose une plongée fascinante dans l'univers foisonnant et méconnu de l'internet du point de vue des enfants. 

Petit retour en arrière :

Années 90 : formation puis explosion de la bulle d'Internet. Des sociétés privées investissent en masse ce marché en devenir et notamment le segment destiné aux enfants limité, pour l'heure, à des sites et portails éducatifs administrés par des spécialistes de l'éducation. Aucune garantie de succès à la clef mais la volonté pour les dirigeants de ces start-up de s'implanter avant que la concurrence ne le fasse. Une volonté qui aura des implications énormes sur le développement ultérieur de ces espaces. Cherchant à maximiser leurs profits, ces entreprises capitalisent en s'appuyant sur des travaux de psychologie sociale sur le besoin de valorisation et d'interactions sociales des enfants et captent sans vergogne l'attention, le temps et l'argent de poche de ces derniers. Les enfants deviennent ainsi malgré eux de véritables travailleurs du numérique dont l'activité, bien qu'invisible, soulève la question de leur exploitation par les entreprises mais aussi, à l'ère des réseaux sociaux, par leur propre famille. A cela s'ajoute le grand laisser-faire des entreprises de la tech quant à l'absence de contrôle généralisé du cyberespace. Les enfants et les adolescents investissent de fait des espaces réservés (en théorie) aux adultes et prennent des risques réels pour leur intégrité psychique et physique. Le phénomène du "grooming" qui consiste pour des adultes à aborder et manipuler des mineur.es. à des fins d'exploitation sexuelle trouve une chambre d'échos dans les médias et choque, à raison, l'opinion publique. Cette exposition d'une des faces les plus sombres d'Internet est à l'origine de véritables paniques morales qui révèlent une inquiétude légitime en même temps qu'un manque de compréhension criant de ces sujets de la part de l'opinion et des pouvoirs publics. 


Mais si Internet semble accompagner les enfants pour le pire, il le fait aussi pour le meilleur dans toutes les dimensions de leurs vies. Savoir et connaissances, interactions sociales, jeux et défis entre pairs, créations artistiques et autres productions propres aux outils numériques : loin d'être passifs, bâtissant de véritables communautés d'utilisateurs, les enfants sont à l'origine de cultures numériques riches et variées qui ont littéralement façonné l'Internet d'aujourd'hui. Le web a ainsi cette vertu d'incarner en même temps qu'un prolongement de la cour de récré, un authentique espace de création et de liberté. L'étonnante et passionnante enquête de David-Julien Rahmil rend compte admirablement de cette histoire complexe sans jamais céder à la facilité des analyses et jugements tout faits. Clair et nuancé, "L'internet des enfants" alerte autant qu'il enthousiasme et nous ouvre enfin les portes d'un univers encore trop largement incompris et méconnu.
 

*La fabrique du crétin digital, Michel Desmurget, Points

Ce que j'ai vu à Auschwitz

Les cahiers d'Alter Fajnzylberg
Les cahiers d'Alter est un travail phénoménal mené par l'auteur en collaboration avec l'historien Alban Perrin, pour retracer la vie de son père. La vie de Alter Fajnzylberg, un homme multiple : militant communiste, prisonnier dans les geôles de Pologne, combattant en Espagne dans les Brigades internationales, interné dans le camp de Compiègne et enfin déporté dans le premier convoi de Juifs parti de France le 27 mars 1942 pour Auschwitz. Dans ces carnets, il y raconte son quotidien de 1942 à 1945 à Auschwitz, le mode de vie de tant de déportés, ses tentatives d'évasion et ses réflexions. Un homme animé par la volonté de vivre libre et de défendre ses convictions.

Le point fort de cet ouvrage, est la découverte de ces pages manuscrites, noircies, raturées par Alter qui retranscrit ce qu'il a vécu pour à la fois extérioriser et ne pas oublier. Surtout pour ne pas oublier toutes les personnes qu'il a croisées... Dans ces pages scannées, on retrouve la retranscription en Polonais et sa traduction rendant ainsi ce témoignage poignant authentique et unique. Ces lignes se parcourent difficilement et non sans émotions, mais la valeur et la contribution exceptionnelle à l'histoire de la Shoah nous porte durant tout cet ouvrage. 

Le travail de Roger Fajnzylberg est un hommage à son père disparu et symbolise l'accomplissement de sa volonté de rendre public ses carnets mais aussi la possibilité de mettre en avant les conséquences engendrées par la guerre de 1939-1945 sur les générations suivantes dont le lourd devoir de porteur de mémoire.

Inséparables : les destins croisés de la Terre et de la vie; Nathalie Cabrol, Julliard

“On a dit que l’astronomie est une expérience qui rend humble et forge le caractère. Il n’y a peut-être pas de meilleure démonstration de la folie de l’homme que l’image lointaine de notre petit monde”.

En 1990, la sonde Voyager 1 envoyait  une photo tout à fait étonnante, celle d’un petit  point bleu pâle perdu au milieu de l’espace. Aux confins du système solaire, dans une sorte de dernier adieu, la sonde se retournait et prenait 60 clichés des planètes gravitant autour du Soleil, dont celle de la Terre. “Pale blue dot” telle que l’a appelée l’astronome américain Carl Sagan.

La grande astrobiologiste, directrice du centre Carl Sagan pour l'étude de la vie dans l'Univers au sein du prestigieux SETI Institute, reprend le flambeau de l’astronome américain. Passionnée et passionnante,  Nathalie Cabrol expliquait dans ses précédents ouvrages les recherches qu'elle mène pour tenter de découvrir des traces de la vie dans l'espace et notamment sur Mars avec la NASA . A l’aube de nouveaux horizons et L'Énigme cosmique de la vie sont deux livres qui vous émerveillent et vous surprennent à chaque page.

Mais pour appréhender la vie quelle qu’elle soit, faut-il encore savoir comment elle apparaît. Nathalie Cabrol nous rappelle que le passage entre la chimie prébiotique vers la vie reste énigmatique. C’est  donc sur Terre que cette scientifique, notamment grande plongeuse dans des conditions extrêmes, cherche les aptitudes d’une planète à être habitable. 

L’habitabilité: une notion que nous avons tendance à oublier tant notre Terre est accueillante. Et pourtant, elle ne le fut pas toujours. Reprenant l'évolution de notre planète depuis sa création, Nathalie Cabrol nous rappelle que la vie est résiliente certes mais qu'elle n'épargne pas les êtres vivants. La Terre a connu des tables rases. Pourtant, malgré les signaux qui se multiplient, nos sociétés font la sourde oreille quand il s’agit des mises en garde au sujet du dérèglement climatique actuel. Avons-nous donc oublié que la Terre peut exister sans nous mais que nous ne pouvons guère exister sans elle?

Et quelle est la part de responsabilité de la technologie et  plus précisément du technosystème actuel dans notre aveuglement? Qu’est-ce qu’une humanité déconnectée de la nature? Et comment pouvons nous nous reconnecter à notre environnement qui est le seul à pouvoir nous permettre de survivre? La question est d'une actualité brûlante.

Nathalie Cabrol est ce qu’on peut appeler une personne charismatique: elle a cette énergie et cet enthousiasme qui vous donnent l’envie de soulever des montagnes. Elle se tourne donc vers nous après nous avoir fait tourner les yeux vers notre planète si belle, si accueillante, si singulière. Hubert Reeves nous élevait au rang de poussières d’étoiles, Nathalie Cabrol, nous rappelle à son tour que notre destin est inséparable de ce ” monde vivant au cœur d’une larme” .

Jours de gloire et de tristesse

Une histoire extraordinaire de la Révolution par un Parisien ordinaire
La Révolution à hauteur d'homme...
Adrien-Joseph Colson est ce qu'on pourrait appeler un citoyen ordinaire. Jusqu'à présent absent des livres d'histoire et inconnu des historiens, ce dernier naît à Varennes dans une famille d'artisans avant de s'installer à Paris en tant qu'avocat. « Témoin ordinaire d'évènements extraordinaires », Colson traverse la période de la Révolution ainsi que son avant et son après depuis les premières loges de son quartier du centre de Paris. Observateur privilégié d'une bascule historique, Adrien-Joseph est aussi, malgré lui, une figure paradigmatique du chaos d'une époque faite de contradictions, d'espoirs et de désillusions, de joie et de violence.

Rien ne prédisposait l'avocat aux idées révolutionnaires. Fervent catholique et plutôt monarchiste, il s'émancipa de son milieu modeste par l'étude des lettres classiques puis consacra une grande partie de sa carrière à gérer les affaires d'une famille de nobles. D'une grande loyauté, il maintiendra une relation amicale voire paternelle avec les frères de Longaunay (respectivement duc et marquis) y compris durant et après la Révolution. Toute sa vie ou presque, il montrera du respect voire de l'affection pour le Roi Louis XVI en même temps qu'un désintérêt pour les Lumières et un certain mépris du peuple.

Pourtant, comme inexorablement embarqué par la ferveur populaire, il finira par s'enthousiasmer pour les idées révolutionnaires jusqu'à lui-même prendre part à certaines actions. Parce qu'au delà des idées ou des affects, Louis-Joseph Colson fut aussi un être situé, socialement et géographiquement. En ce sens, celui-ci a été fortement influencé par la vie de son quartier et par les gens qu'il côtoyait au quotidien et, pour ainsi dire, l'air révolutionnaire qu'il respirait finit par lui emplir les poumons. Mais si la Révolution le séduisait, ce n'était « pas au sens où elle désignait un grand schéma de transformation du gouvernement, de la religion ou de la société en général, mais au sens plus concret où elle offrait des possibilités d'amélioration de la vie quotidienne ».

En plus d'avoir les deux pieds ancrés sur le sol du réel, on pourrait aussi expliquer le soutien qu'apportait Colson aux classes populaires par son christianisme. Et même, pourquoi pas, aller plus loin en estimant que sa foi religieuse était chez lui ce qui primait avant tout le reste et qui explique, aux regards extérieurs, une apparente inconstance ou indécision. Car après le temps de l'utopie révolutionnaire vint celui du spleen et des désillusions. « Les cloches des églises de Paris, tellement présentes dans la vie quotidienne, s'étaient tues » pour être fondues puis transformées en canons. Et on ne peut qu'imaginer l'amertume que ce bouleversement laissa au cœur de Colson et de quelques autres.

Jours de gloire et de tristesse : ainsi fut vécue la Révolution par l'ordinaire Colson et l'extraordinaire récit qu'en fait Timothy Tackett nous permet d'aborder cette épisode décisif de l'Histoire par le prisme inédit de l'échelle humaine.

Etty Hillesum : l’histoire de sa vie

Découvrez ou redécouvrez Etty Hillesum
Etty Hillesum, jeune intellectuelle et écrivaine déportée lors de la Seconde Guerre mondiale dans les camps de Westerbork puis d’Auschwitz, a laissé derrière elle nombre d’écrits sur son quotidien mais également sur sa philosophie. Elle est reconnue pour son écriture poétique, pour sa pensée avant-gardiste et pour la liberté qu’elle exprime et qu’elle ressent même à l'intérieur des camps.
Elle reste encore aujourd’hui l’une des figures féminines les plus importantes pour avoir affirmé sa sagesse spirituelle à une époque où la foi en l’humanité était mise à mal.
Le journal intime de cette jeune femme nous à été légué comme preuve de son existence et de sa maturité. Aujourd'hui, nous avons accès à ce dernier mais également à des correspondances qu’elle échangeait avec ses amis. Ces textes sont étudiés, compilés ou réédités. Des travaux de recherches conséquent ont alors permis d’étudier le mystere autour de ce personnage mais également de son entourage tel que sa famille ou Julius Spier, psychanalyste, professeur et ami de la jeune femme.
Pour la sortie de l’ouvrage “Etty Hillesum : l’histoire de sa vie” de Judith Koelemeijer aux Editions du Seuil, partez à la découverte d’Etty Hillesum grâce à notre dossier regroupant ses mots mais également ceux écrits à son sujet.

Les linges de la nuit, Madeleine Riffaud, Points

Alors que l’épidémie de Covid mettait au grand jour l’engagement altruiste quotidien du personnel hospitalier, Michel Lafon décida en 2021 de rééditer le reportage d'une journaliste publié initialement en 1974 que les éditions Points ont depuis fait paraître en poche. Il faut dire que le livre ré...

Madeleine Riffaud fut l’une des grandes reporters françaises du XXème siècle parcourant l’Indochine ou l’Algérie au plus près des conflits. Mais elle est plus connue pour son engagement dans la Résistance grâce notamment à la bande dessinée chez Dupuis Madeleine résistante. Pourtant aux débuts des années 70, cette femme d’exception, grande lectrice de poésie et poétesse à son tour édité par Paul Eluard, militante anti colonialiste avant l’heure, décide de s’immerger dans un grand hôpital parisien. La journaliste souhaite cette fois rendre compte du travail et du dévouement des personnes évoluant au plus près des patients à savoir les infirmier.e.s et les aides soignant.e.s.

“Je ne vous écris plus du bout du monde. Cependant ce voyage en blanc présente quelques similitudes avec ceux dont je viens de parler (...)"
Par l’entremise d’un chef de service, ancien compagnon de la résistance, elle est donc embauchée pour faire le ménage au sein du service de cardiologie. Son journal va alors mettre en lumière le quotidien de tous ces employés des hôpitaux, largement invisibilisés qui sont au contact des patients. Hélène, Simon ou Justine, deviennent les figures de travailleurs en blanc “surexploités” et “sous payés” qui officient dans une forme de conscience professionnelle qui confine au don de soi-même. Le labeur, la fatigue si ce n’est plutôt l'épuisement, le contact avec la souffrance, la solitude, la peur, le désespoir, la mort. Comment faire face à cela quand on est soi-même cloisonné dans une vie précaire. C’est une enquête au “ras de carrelage” comme l’écrit Madeleine Riffaud; enquête qu’elle va poursuivre dans différents hôpitaux publics et privés. Le constat est le même: "je n’avais fait qu’entrevoir une misère immense, cachée derrière quelque réalisation de pointe servant de vitrine et d’alibi".

En lisant cette enquête, on pense forcément au Quai de Ouistreham de Florence Aubenas ou plus anciennement encore au 10 jours dans un asile de la journaliste américaine Nellie Bly, pionnière du reportage “clandestin”. On songe aussi  à ces enquêtes d’investigation qui nous ont ouvert les yeux sur la condition des plus vulnérables en France comme les Fossoyeurs de Victor Castanet.
Madeleine Riffaud considérait le témoignage comme un devoir, elle qui avait survécu à la torture. Après avoir couvert bien des conflits à travers le monde, la journaliste résistante tend un miroir à notre société et 50 ans après, le terrifiant reflet est toujours d’actualité.

Nos sélections

Quelques incontournables...

pour aiguiser son esprit critique.

La pensée n'a pas de prix

Une sélection de livres à prix poche!

Nouveautés au rayon éducation

Education bienveillante ou retour à l'autorité? Eléments de réponse.
Education bienveillante ou retour à l'autorité? Et si l'on allait chercher des éléments de réponse aussi dans ce qui se pratique à l'étranger en matière d'éducation? Nous vous proposons un tour des  nouveautés au rayon éducation comme autant de réponses différentes à la question universelle de comment bien élever ses enfants.

Sciences humaines - Histoire

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