Créée en 1972 par Catherine Millet, Daniel Templon et Hubert Goldet, la revue Art Press - avec plus de 50 années d’existence et 534 numéros - s’est érigée comme la plus emblématique revue d’art contemporain, une référence tant pour les arts plastiques actuels et formes littéraires contemporaines que pour les arts du spectacle, la danse, la vidéo, la performance, le cinéma expérimental ou encore l’architecture.
Pluridisciplinaire, collective, elle se fait également la médiatrice des concepts et théories de plusieurs écoles de pensée ou courants intellectuels et artistiques : Sémiologie, Structuralisme, Fresh Théorie, Esthétique relationnelle, Nouvelle figuration, postmodernisme, Nouvelle philosophie… Tribune de la création contemporaine, elle reste pour autant indépendante et sélective, opérant des défenses parfois polémiques, en désaccord avec les tendances du marché de l'art malgré ses relations avec les galeries et critique, aussi, envers les modes et les bien-pensants de l’art contemporain...
C’est à cette longue histoire que nous invite Flore Di Sciullo, insistant sur l’hybridité tant formelle qu’idéologique de la revue, un parti pris lui ayant justement permis de se positionner comme l’une des revues phares des arts d’aujourd’hui, mais également comme revue contestataire par excellence, dévoyant les censures et condamnant les censeurs, et créant à son tour de nouveaux discours sur l’art. En optant pour l’interdisciplinarité, Flore Di Sciullo fait d’Art press un réel objet de recherche, interrogeant tout autant les formes discursives qui s’y déployées de 1972 à 2018 que les différentes chartes graphiques de la revue, ses positions politiques, esthétiques, ses auteurs ou intervenants, sa direction, permettant “d’appréhender art press à la fois comme une archive, une institution, un support de médiation et un acteur dans la médiatisation des questions de société”.
En somme, un essai des plus passionnants sur l’un des périodiques les plus influents dans le(s) monde(s) de l’art, vecteur de débats, de polarisation politique ou intellectuel, mais pour autant transmetteur de connaissances plurielles, défendeur de toutes les formes artistiques contemporaines, et bel et bien devenu indispensable pour saisir ou approcher la complexité des démarches artistiques actuelles et les discours qui en résultent.