Le développement personnel a déjà de belles années derrière lui et pourtant, le “travail sur soi” est toujours autant d’actualité. Cette nouvelle “philosophie de vie” emprunte de nombreux éléments aux spiritualités orientales telles que le reiki ou l'hindouisme, mais également à la méditation, au chamanisme, à la psychologie, ou encore à l’ésotérisme ou aux pouvoirs psychiques.
L’auteur, Damien Karbovnik, est sociologue et historien des religions à Strasbourg mais également spécialiste du New Age et de l’ésotérisme contemporain. Il retrace donc dans son ouvrage l’histoire des différentes mouvances et inspirations formant ce qu’est le développement personnel aujourd'hui. Il étudie aussi son fonctionnement, la manière avec laquelle il a intégré les différentes sphères de nos vies : sociale, professionnelle et personnelle.
C’est dans les années 50 aux Etats Unis que le développement personnel apparaît pour la première fois, avec l’idée de “potentiel humain”. Alors que le pays fait face à de nombreuses crises, sont apparues des méthodes nouvelles pour explorer un nouveau monde. L’une des grandes mouvances du développement personnel à cette époque a été la recherche d’un état de conscience modifié avec l’usage des psychotropes, souvent mis en avant par des célébrités telles que les Beatles, par exemple. Car, peu importe les moyens, le développement personnel cherche avant tout à nous faire “dépasser les limites apparentes de notre condition humaine, qu’elles soient physiques, psychologiques ou spirituelles.”
L’auteur aborde certaines dérives telles que l’aspect consumériste ou la poursuite d’un bonheur jamais atteignable. En effet, le développement personnel tend à ce que nous devenions une meilleure version de nous-même, parfois même en problématisant notre vie sans réel problème à régler.
Empruntant tout à la fois à la philosophie, à la spiritualité, aux religions mais aussi aux psychothérapies, le développement personnel fait feu de tout bois sans peur du syncrétisme: poster des citations inspirantes sur Facebook, faire des retraites de yoga, faire de la méditation, suivre de “belles âmes” sur Instagram, lire des livres de psychologie positive, de Boris Cyrulnik, Frédéric Lenoir ou Khalil Gibran, faire des rites chamaniques, rendre son intérieur feng shui. Finalement, pour citer Bergson, le développement personnel est un “supplément d’âme” à moins que ce ne soit, pour reprendre Marx, le nouvel opium du peuple.