1916, nord de la France. Les combats font rage dans les tranchées entre français et allemands. Un jour, lors d’une patrouille, une escouade française met la main sur un étrange caisson dans lequel se trouve une créature… non un homme. Ce qu’il reste de cet homme semble corrompu par un étrange corps étranger symbiotique. Le malheureux est transformé en belliqueuse bestiole tout droit sortie d’un enfer souterrain ou sous-marin. Les soldats sur le front ne savent que faire de cette découverte et à Paris le jeune scientifique Gaspard Petit est engagé dans le plus grand secret pour faire la lumière sur ce mystère. Mais les deux camps cachent leurs réelles intentions vis-à-vis du symbiote et de sa puissance. Envoyé sur le front, Gaspard va découvrir l’horreur derrière cette trouvaille mais aussi trouver des alliés inattendus. Quelle est cette créature ? D’où vient-elle ? Le monde pourra-t-il survivre à une telle horreur ?
Après le surprenant est plus qu’efficace Blood Moon, Bones revient avec un récit plus conséquent et qui confirme son statut d’auteur ! Dessous est un choc de bande dessinée comme nous aimerions en voir plus souvent. Côtoyant l’imaginaire de Lovecraft, de John Carpenter et de Mike Mignola, Bones hybride les inspirations et livre un récit dense qui mélange habilement les genres entre horreur, thriller, récit de guerre et dystopie.
Avec sa galerie de personnages attachants (la relation grandissante entre Gaspard et Bär), sa lente descente aux enfers et son conflit aux proportions gargantuesque, le scénario vous fera passer par plusieurs émotions, de l’émerveillement face aux compositions graphiques de Bones, à l’effroi (la descente dans les profondeurs boueuses où errent les poilus transformés par la substance) mais aussi par un léger sentiment d’espoir (le Jules Verne planant héroïquement au-dessus de Paris en ruine).
Bones signe une œuvre grandiose, effrayante et dense qui pourrait sans aucun problème trouver sa place aux côtés de géant du genre tels Moore, Mignola ou encore Breccia.
Le duo Edouard Cour et Jean-Christophe Deveney livre avec Soli Deo Gloria une oeuvre touchante dans laquelle se côtoient musique, fraternité et quête de soi. En naviguant entre les genres, les auteurs donnent à Soli Deo Gloria un quelque chose de rêveur et grandiose. Chaque note jouée est l’occasion pour le dessinateur d’exprimer une sensation et une émotion au travers de son magnifique trait évoquant la gravure. Les différents lieux visités, les décors, les costumes, l’air entraînant de la musique, tout est réfléchi et magnifiquement illustré.
Mais que serait cette composition graphique de haute volée sans un scénario qui l’est tout autant. Jean-Christophe Deveney convoque une époque obscure pour mieux faire apparaître toute la lumière du voyage d’Hans et Helma. En faisant voyager les deux orphelins entre plusieurs strates, Deveney dévoile un portrait historique fort en l'intégrant dans l'histoire avec un grand H. Les auteurs parviennent avec une grande maîtrise à intégrer tout un tas thèmes dans leur récit et à en faire une histoire qui parlant de beauté au delà de l'obscurantisme.
Soli Deo Gloria est une très grande bande dessinée !
Le futur, un lointain futur, obscur et désespéré. L’humanité n’existe plus, exterminée par le réseau, un puissant enchevêtrement de nanites et de nano-robots ayant étouffé toutes formes organiques présentes sur Terre. Les plantes, les animaux, les cultures… Les Hommes sont morts depuis longtemps, privés de ce qui les maintenaient en vie : la nature.
Presque un siècle s’est écoulé depuis la chute, et au milieu des décombres nous retrouvons Chloé une grande jeune femme aux cheveux blancs veillant sur David. Qui est David ? D’après Chloé et Cliff, son compagnon androïde, David est le dernier être humain présent sur Terre. Sa survie est primordiale, car sans David l’humanité n’a aucune chance de se relever et surtout de savoir ce qui lui est réellement arrivé. Mais qui est vraiment David ?
Clay McLeod Chapman (sur une idée de Arash Amel, Joseph Oxford et Lee Toland Krieger) et Jakub Rebelka (les somptueux Judas et Les derniers jours de Lovecraft) nous livrent un récit de science fiction et d’anticipation incroyable qui pose de bien belles réflexions sur l’humanité, l’utilisation des intelligences artificielles et le libre arbitre.
En suivant les pérégrinations de David et Chloé dans un univers post-apocalyptique original savamment imaginé et représenté, les auteurs parviennent à insuffler de la vie dans les pages alors que cette dernière a quitté cet univers.
Comment réparer ses erreurs ? Comment grandir et apprendre à faire ses propres choix ? L’humanité telle qu’on la connaît doit-elle évoluer de manière radicale pour ne pas reproduire les erreurs du passé ? Ces questions sont celles qui pourront vous trotter dans la tête tout au long de votre lecture car la science-fiction, avant d’être un outil de tous les possibles pour l’imaginaire, est un formidable prisme de réflexion sur notre présent et les auteurs d’Origines l’ont parfaitement compris.
Origines est un ovni de roman graphique précieux et touchant de par ses thématiques abordées, et qui laisse rêveur face à ses panoramas et ses personnages brillamment désignés et illustrés. Une pépite de science-fiction !