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Livres Poésie

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Dossiers littéraires

Un concours pour célébrer les 50 ans du Castor Astral

50 ans d'agitations littéraires, ça se fête à la librairie Mollat avec un concours qui vous fera gagner de nombreux cadeaux poétiques !

Coups de cœur des libraires

Boucher fumier - Hortence Raynal

Dans ce recueil qui vient de paraître en format poche, Hortense Raynal tente de définir ce qu’est la poésie, à quoi elle sert, et sa réponse peut dérouter plus d’un lecteur !
Sous sa plume, la poésie n’est pas un enjolivement de la réalité mais au contraire une mise à nu de celle-ci, quitte à révéler ce qui est passé d’ordinaire sous silence et à bousculer sans intention provocatrice :

“ tu salives de poésie. c’est goûtu, tu baves, ça dégouline”

A rebours des clichés, Hortense Raynal interroge la matière même de ce genre qu’elle n’hésite pas à qualifier de manière crue de joyeux “fumier” du corps et des sens.
Elle use d’une langue organique, charnelle, terreuse et fiévreuse pour en dire toutes les saveurs et les pulsations, sans langue de bois ni détours :

“ parfois faire un poème c’est comme faire les poubelles.     ça schlingue la poésie     en vrai ça sent, c’est pas neutre”

“ t’as une bouche-fumier    montage de fumier bien odorant, et ton rôle, oui ton rôle, c’est de faire en sorte que personne se bouche le nez”

Dans la lignée de Ghérasim Luca ou de Christophe Tarkos, la poétesse et performeuse (ses textes se prêtent parfaitement à une mise en voix) fait swinguer et suinter le verbe. “Acrobate”, elle nous invite alors “à se contorsionner et faire se contorsionner les mots” pour explorer toutes les marges et faire jaillir une voix singulière et détonnante dans le paysage poétique actuel :

“la poésie : peur pas rassurante (...) le visage de la poétesse qui plonge dans le gouffre des mots, dans le sac de mots qui font peur. qui sont jamais utilisés. et son devoir c’est de les jeter à la face des autres ces pauvres petits mots pauvres petits, hideux, hideux. et si vous aussi pour une fois vous alliez dans le grand sac noir des mots ?”

Orée Li - Primevères fantômes

De jolis poèmes pour l'arrivée du printemps !
Un magnifique recueil de poésie dans lequel l'autrice dépeint la nature comme un être à part entière. Chaque pousse, chaque fleur, chaque espèce devient une source d'admiration, d'observation et de contemplation. Cette plume délicate et sensible nous permet d'incarner et de goûter chaque plante, de vivre au travers d'elles, de leurs environnements et de tous leurs récepteurs sensoriels. Entre souvenirs personnels et familiaux, culture, tradition, et regard ouvert sur le monde, cet ouvrage est très riche. L'autrice nous offre un recueil tendre, plein d'amour pour ce qui l'entoure et ce qui existe, et nous permet presque de fusionner avec chaque élément des prairies, des champs et des forêts.

Un livre aussi beau à l'extérieur qu'à l'intérieur, d'une élégance et d'un raffinement aussi touchant que poignant, qui saura ravir vos mains, vos yeux et votre coeur. Le lecteur est plongé dans un univers d'émerveillement perpétuel.

"Dans les champs. Là où l'on trouve des fleurs. Là où le drame et la douceur s'imbriquent. C'est la guerre. Et quelque part en moi, c'est la guerre. Je suis un chevalier dans une prairie. Je ne sais pas si la guerre durera toujours. Je la scrute. De très près. Je la regarde agir en silence. Entre les jonquilles sauvages des prairies de Haute-Loire, dans les petites touffes de campanules violettes des villages du Finistère, dans la souveraineté des narcisses de la Vallée de Pelvoux, la guerre est en germe." p67

Rolaphton Mercure et Ricardo Boucher - Symphonie des foules automatiques

Deux voix s’élèvent pour dire le fracas d’un monde et chanter aussi l’espoir…
Tout d’abord, les poètes haïtiens Rolaphton Mercure et Ricardo Boucher dressent dans la “première station” (le premier mouvement du recueil) un constat sans appel sur l’état de leur archipel. Ce quart-monde “stigmate de l'Amérique” est décrit à l’unisson de nos “sociétés troubles, chaotiques et automatiques”.
Dans la deuxième station, la colère semble encore présente mais tente de s’apaiser en cherchant à initier une authentique symphonie” afin de retrouver “quelque chose de poétique dans l’air” malgré “les possibles déchiquetés”.
La troisième et ultime station offre un baume qui console, répare en s’adressant à un “tu” lecteur qui peut aussi se confondre avec la personne aimée dans de très beaux poèmes, comme par exemple :
“ tu es ma force
ma maladie face à la fantasmagorie du temps
la belle nuit qui inspire ma plume (...)

j’aimerai plonger en toi
pour commencer à t’aimer
là où tes larmes finissent”

Le combat, l’amour et la poésie deviennent alors les seuls flambeaux dans ce monde incendié dans lequel Haïti, comme tous les peuples en proie à la violence, résiste en mots de feu.

Jeanne Benameur - Nous vous parlons d'amour

A côté de son roman “Vivre tout bas” et de son essai “Vers l’écriture”, Jeanne Benameur nous livre en cette rentrée littéraire un texte poétique, puissant et sensible.
“Mais qui sommes-nous

pour oser venir vous parler d’amour 

dans ce monde ?”

Voici la première voix que Jeanne Benameur fait entendre au seuil de son recueil d’abord porté sur la scène avant d’être publié chez Bruno Doucey, éditeur de ses poèmes. Car chez Jeanne Benameur, le travail du corps et du souffle traverse toute son écriture, qu’elle soit romanesque, théâtrale ou poétique. 

Puissamment incarnés par des comédiens au parcours fragile, ses textes retranscrits et prolongés par d’autres rencontres semblent portés par une urgence à dire, ici “la mémoire du monde en marche”, là à rester “vivant parmi les vivants”, ou encore à témoigner “l’envie d'être ensemble”.  Ses personnages en proie à la rage, à l’exil, à la guerre ou à l’enfermement prennent la parole tour à tour, composant autant de facettes de notre humanité chaotique à la recherche d’un ailleurs plus apaisé, en dehors de soi ou en soi. Cette quête intime rejoint alors la demande que tous formulent, fragiles mais “arrimés” à la même grâce, à la même force qui unit les êtres :

“ Nous sommes deux maintenant 

à garder la beauté 

et ça 

c'est de la douceur

peut-être même de l’amour

va savoir”.

Erotiques : 69 poétesses de notre temps. Libre éloge de l'orgasme

Les températures estivales étant là, l’anthologie “Erotiques” qui vient de paraître aux éditions Bruno Doucey vient à point nommé !
Soixante-neuf poétesses contemporaines dont huit issues de la poésie classique, et de toutes origines géographiques ont été choisies pour laisser libre cours à toutes les couleurs des désirs et des plaisirs. Cette sensualité plurielle se saisit non seulement de toutes les cultures, et nous surprend par l’audace de certaines plumes, certaines lointaines dans le temps, et/ou qu’on ne pensait pas si libres. On peut certes se délecter du fameux sonnet XVIII de la lyonnaise Louise Labé datant du XVIe siècle qui débute ainsi :
“Baise m’encor, rebaise moy et baise : / Donne m’en un de tes plus savoureux, / Donne m’en un de tes plus amoureux : / Je t’en rendray quatre plus chaus que braise”

Puis on peut découvrir en miroir une extase analogue, assumée par la poétesse d’origine syrienne Maram al-Masri qui, exilée en France, revendique au XXIe siècle “une bouche qui raconte des histoires / qui clame des poèmes (...) une bouche qui désire / qui embrasse / et jouit”.

Longtemps bridées par les hommes censurant leur plaisir, quand ils ne se mettaient pas à leur place pour l’évoquer, les femmes réunies dans ce recueil prennent tous les risques pour affirmer ce droit universel et singulier à travers une écriture défaite de tout carcan, intensément charnelle et incendiaire comme le confesse sans détour dès 1957 la poétesse iranienne Forough Farrokhzad dans ce poème remis en lumière récemment dans le roman d’Abnousse Shalmani (“J’ai péché, péché dans le plaisir” chez Grasset) puis dans l’émission “La grande librairie” : 

“J’ai péché
J’ai péché dans une telle extase
Dans une étreinte chaude incandescente (...)
Je te désire toi amour de mon âme
Je te désire toi étreinte essentielle
Je te désire
Toi mon amour fou (...)
J’ai péché avec tant de plaisir (...)”

Dans un poème actuel et inédit, Marie Pavlenko semble donner voix et corps à toutes ces femmes : 

“nous sommes le pays / immense / la terre ferme / la terre promise (...) je te prête mon corps vibrant braise bûcher / je suis le pays / immense / un pays de chair et de sang / le pays infini / immense (...) ferme les yeux / enlace-moi / ta peau au goût de soleil / sous mes doigts / irradie”

Si certains poèmes amusent (il faut lire Rim Battal dans “Une fille facile” page 72 ou encore Coline Pierré dans “Viens là” page 75-77), d’autres rappellent la force originelle d’éros, cette pulsion de création, de vie et de (petite) mort, rappelée par la poétesse Audre Lorde en 1978 : 

“mon corps / grave dans ta chair / le poème / que tu fais de moi.
En te touchant je décroche l’heure magique / tandis que des feux de lune m’emplissent la gorge / je t’aime chair qui s’épanouit / je t’ai créée / et je t’ai prise recréée / en moi.”

et des dizaines d'étés dorés - jérôme leroy

"Je suis hébété de bonne humeur. / Je deviens complètement idiot. / C'est délicieux."
Entre la Grèce et la mer du Nord, la poésie de Jérôme Leroy évoque la sensualité des étés passés, ses ciels rosés et ses baigneuses blondes.
Le poète, parfois inquiet du temps qui passe, renonce gentiment à l'idée de le rattraper, et ravive le souvenir de trajets le long des départementales à la poursuite du bonheur et d'un premier amour, celle "aux lunettes noires remontées dans les cheveux".
Langueur, candeur et abandon de ces instants volés à l'infernale machine du quotidien et de "l'emploi du temps" : un livre qui se lit comme le journal d'un homme à la collecte de l'éphémère.

" 100 km

je vieillis
je n'écris pas
j'ai le sentiment d'avoir raté ma vie
je n'en suis même pas désespéré
je vais m'acheter un vélo
je vais mettre de la poésie dans les sacoches
je vais me cacher dans un repli du mont des flandres
il y aura des fleurs idiotes et douces aux noms inconnus
il y aura des nuages aimables et fessus dans le ciel bleu
je serai heureux de la virtuosité des poètes
je rirai de temps en temps comme un dément
je serai bien

le vélo dormira sur l'herbe avec du soleil sur les rayons "

Vivante

Découvrez une plume à l'image de Clara Ysé, guerrière et sensible
On commence à connaître la chanteuse Clara Ysé, auteur, compositrice, musicienne, révélée par son album Oceano Nox. En littérature, elle a déjà commis un roman, Mise à feu, récompensé par le Prix de la Vocation, et voici que nous la découvrons poète grâce aux éditions Seghers qui publient son premier recueil : Vivante

Vivante et vibrante, tour à tour lumineuse et sombre, la voix singulière de Clara Ysé donne à lire à la fois des blessures et des abîmes, des précipices et des joies sublimes, des morsures et des élans vers des ciels ouverts, des ombres porteuses de mort et des espoirs surgissants... Sa poésie est à son image, guerrière et sensible.

Rendez-vous jeudi 27 juin à 18h à la Station Ausone, au 8 rue de la Vieille Tour, pour échanger avec l'artiste. Nul doute que la rencontre sera intense !


Pour goûter à ses mots, et vous donner envie, voici quelques extraits choisis :

Notre incroyable fragilité m'attrape à la gorge
Il faut honorer ce miracle
Répété chaque jour
De ressembler aux lucioles 
Dans le ciel de mai

Apprenez-nous les chants qui traversent le temps
Comme des comètes furieuses

Prends la solitude et la nuit opaque
Traverse sans espérer trouver
Derrière la nuit
La source lumineuse de la nuit

Et alors peut-être
Tu rencontreras des galaxies 
De silex d'or et de silence


Poésie

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