Nous connaissions l’artiste, musicienne, DJ, on connaissait sa plume par ses chansons, et nous la rencontrons écrivaine.
En fait, elle l’était déjà, nous n’en étions simplement pas encore informés. Elle écrit depuis toujours, des carnets et des carnets, chaque jour a son entrée de journal. Mais cette fois, il fallait que ça sorte, elle raconte Pauline.
Pauline c’est son amour, sa colline, elles se sont aimées en se rencontrant, et toute la vie ensuite, elles ont voyagé, dansé, vécu amoureusement. Elles ont survécu aussi, une fois au chikungunya, une autre fois au cancer, et parfois elles n’ont plus survécu.
Alors Rebeka, Warrior raconte. Elle raconte quand elles vivaient, quand elles survivaient, quand elle mourrait, quand elles ne savaient plus vivre, quand elle n’arrivait plus à aimer. Et elle raconte aussi la lecture, chaque chapitre son auteur.e, leur lien, comment la littérature offre des points d’ancrage, ou des échappatoires, comment on s’identifie à Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, même si on aurait préféré ne pas se revoir en eux, finalement.

Dans son récit, l’autrice ouvre en grand la porte de l’appartement, et de son âme. On y trouve la littérature, la spiritualité, la musique, une écriture vive et vivante, sans détour, féroce, et puis Pauline, partout.

Un magnifique récit de rémission, de reconquête de soi, et d’amour.

Malu est une enfant du Bosquet, elle grandit au milieu de ses trois collines, avec sa grand-mère et son père, un agriculteur amoureux de sa terre et de ses bêtes. Le lien entre Malu et tous ces êtres est indéfectible, et pour un décompte juste et complet des habitants du petit village, il ne faut pas oublier sa chienne Sula qui l’accompagne partout.
L’école est pour Malu une corvée qui la plonge dans un profond mal-être, elle préfère d’ailleurs de loin passer ses journée dans son Bosquet aveyronnais, au gré des saisons, et fusionner avec une nature qui ne sera pas toujours clémente…
La vie là-haut va de paire avec le ciel, et lorsque la grand-mère de Malu commence à perdre la mémoire, le temps vire à l’orage. C’est pour l’enfant et son père, aux relations timides, l’homme étant aussi taiseux que l’enfant sauvage, une perte de repère, et un long combat qui commence. Un combat que Malu entreprend contre, et avec les éléments, une nature dans laquelle elle se fond avec plaisir, et contre laquelle elle se bat.

Clarence Angles-Sabin offre un premier roman en huis-clos qui invoque la puissance d’une nature impartiale, que rien ne touche, et d’une petite héroïne forte et déterminée, que rien n’effraie, ou presque. Grâce à sa plume, elle donne à voir l’Aveyron qu’elle aime et connaît si bien, et créer une famille touchante, et une enfant qui quittera difficilement nos pensées…

Une famille de pasteurs de père en fils traverse quelques difficultés : le grand-père est atteint d’Alzheimer et petit à petit ne reconnaît plus sa famille, le père est en burn-out ce qui le conduit à s’enfermer pendant des heures dans son bureau, le fils quant à lui se met de plus en plus à douter de son envie de devenir pasteur. Malgré cette ambiance morose, la narratrice nous dépeint avec délicatesse des liens filiaux profonds et empreints de tendresse. Dans cette famille peu de choses sont dites, pourtant dans ces silences des regards forts et plein de sens sont échangés : “Il ne faudrait pas dire nature morte. Il faudrait dire vie silencieuse".