La rentrée littéraire 2025 : nos sélections thématiques
Ils retournent aux sources !
Au commencement était le verbe : et justement, c'est bien ce dernier que les auteurs de la rentrée manient à merveille pour évoquer leurs origines. À l'instar de Thibault Daelman, qui signe avec L'Entroubli le premier roman éblouissant d'un garçon habité par la nécessité d'écrire face au quotidien de son adolescence en banlieue parisienne, de nombreux auteurs se lancent dans une narration profondément intime protégée par la fiction. Tandis que d'autres se mettent en scène sans détour et délivrent des récits tout aussi poignants, à l'image d'Anthony Passeron, dans son roman Jacky, qui invite à découvrir son enfance à travers les consoles et jeux vidéos qui ont marqué ses souvenirs et sa relation avec son père. Anne Berest, quant à elle, reprend sa plume que nous aimons tant pour poursuivre son exploration généalogique en se tournant cette fois vers son arrière-grand-père, une magnifique occasion de découvrir comment son histoire et la plus grande se sont rencontrées dans le Finistère.Évocations de nos régions
Et si Anne Berest nous emmène en Bretagne, d'autres écrivain.es préfèrent nous transporter vers différentes régions françaises et y dévoilent de magnifiques narrations. C'est ainsi que nous découvrons le Périgord décrit par Renaud de Chaumaray dans Quitter la vallée qui, au gré du récit, nous mènera même vers de mystérieuses grottes, peut-être ornées de peintures préhistoriques ? Grégory Le Floch ira au plus profond des Pyrénées avec Mont Perdu, la jeune adolescente héroïne de Peau d'ourse et victime de harcèlement qui aura la forêt pour seul refuge. Par ailleurs, Cécile Tlili nous raconte dans Celle qui fugue une Corse animée : la spectatrice de la vie d'Alice, cette femme que son mari vient de quitter et qui fuit pour ne pas affronter sa nouvelle réalité.Et puis Bordeaux, lorsque ce n'est pas Emmanuel Carrère qui invoque la ville par son personnage de la bourgeoisie bordelaise dans Kolkhoze, c'est la ville qui invoque l'auteur grâce à Gilles Marchand, un auteur de la capitale girondine qui offre avec Les promesses orphelines une traversée de la deuxième moitié du XXème siècle grâce à Gino, un jeune idéaliste orléanais en quête de grandes aventures et de l'amour de Roxane, dans ce siècle de tous les possibles.
Féminités en plein cœur du roman
Les féminités prennent et ont toutes leurs places en cette rentrée littéraire. Innombrables, propres à chacune par définition, de nombreux livres de cette rentrée s'intéressent à toutes ces formes de féminité. Alors « Viva Nerona ! », ou le cri du peuple dans le nouveau roman d'Hélène Frappat qui met en scène Nerona, une dictatrice enragée qui permet à l'autrice de défaire les rouages du totalitarisme dans un roman satirique absolument pinçant et dépeint alors une société sous le joug d'une féminité dominatrice et tyrannique. La fiction est également le moyen que choisit Cloé Korman dans son roman Mettre au monde pour évoquer l'histoire des femmes, de celles qui aident à mettre au monde, et celles qui aident à ne pas mettre au monde. De la même façon, Adélaïde de Clermont-Tonnerre se tournera vers la fiction pour repenser la vie imaginaire de Milady dans Je voulais vivre. Effectivement, même le personnage dépeint comme une manipulatrice et ennemie des Mousquetaires se découvre sous un nouveau jour, en regard de sa position, de celle des hommes autour d'elle qui désire la posséder et usent d'elle : une solution, se battre pour sa liberté, et se venger.La rentrée littéraire à l'image de ces exemples se montrent très hétéroclite dans ses féminités, sous tous leurs aspects dans la fiction, la réalité est parfois utile pour donner à voir autrement. C'est ce que fait Maggie Nelson dans Pathemata, récit dans lequel elle traite de sa maladie chronique qui provoque de grandes souffrances, et qui l'invite à s'interroger sur la perte, la douleur et la résilience. Des thématiques que Rebeka Warrior évoque également dans Toutes les vies, le récit puissant et vivant de son deuil, de sa reconstruction et de son amour pour Pauline.
La littérature se met en scène !
Que ce soit par un agent littéraire, un livre dans le livre, un libraire : découvrez les différents visages de la littérature lorsque celle-ci s'écrit. Nous rencontrons alors un Javier Cercas qui écrit le roman Le fou de Dieu au bout du monde, ou l'incroyable récit de son voyage jusqu'en Mongolie avec le Pape François en 2023. Et puis, Pierre Boisson qui enquête sur Christine Pawlowska dans Flamme, volcan, tempête : qui est cette autrice d'une poésie folle dans son seul et unique magnifique roman ? Rachid Benzine également donne la place à la littérature en la figure d'un vieux libraire qui fait la lecture à un photographe français dans la bande de Gaza dans son roman L'homme qui lisait des livres : l'occasion pour l'auteur de partager avec les lecteurs les titres de romans qui ont marqué sa vie. Lola Gruber quant à elle nous emmène au cœur du milieu du livre français, entre un éditeur, un traducteur et une écrivaine qui veulent rester anonymes et une agent littéraire à la recherche d'un éditeur, le roman Elisabeth Lima donne à voir une histoire d'amitié et une grande aventure littéraire.Bonnes lectures !