L'essayiste Yuna Visentin propose une réflexion originale basée sur sa propre expérience: comment la religion peut-elle nourrir philosophiquement et intellectuellement un engagement politique, écologique, et féministe radical ?
La spiritualité est souvent désignée comme la “grande responsable de tous les maux du monde”, et reste mise en opposition avec les discours rationalistes : une pensée binaire largement partagée que Yuna Visentin propose de remettre en question dans ce livre. Cette professeure agrégée de lettres, normalienne, engagée dans des ateliers d’écriture féministes, explore les conséquences discriminantes d’un tel jugement sur l'ensemble des groupes sociaux culturels concernés. Et si, bien au contraire, la religion pouvait enrichir le champ politique éco-féministe et même devenir un espace de rencontre et de convergence des luttes sociales ?
Selon elle, la stigmatisation du religieux a pu être utilisée comme un outil de tuerie de masse : elle questionne notamment la piste peu explorée de l’anti-judaïsme dans la chasse aux sorcières. Elle montre également comment le nazisme et les pensées autoritaires instrumentalisent le fait religieux pour servir une idéologie politique excluante violente, et cibler certaines minorités religieuses.
Ainsi, elle invite à changer de paradigme pour faire survivre le spirituel : l’adapter au futur de manière écologique et résister face au fascime.
Les éditions Divergences publient un livre audacieux où la spiritualité peut être “radicale”, dans le sens proprement étymologique, en liant telle une racine tous les champs de pensées.