Dans cet entretien, Stephen Markley nous plonge au cœur de son roman épique, Le Déluge, une œuvre qui se déroule dans un futur proche et explore de manière saisissante la crise climatique. L'auteur y suit sept personnages principaux sur une période de trente à quarante ans, offrant une perspective polyphonique sur les événements que nous sommes tous susceptibles de vivre. Stephen Markley souligne l'importance de cette multiplicité des points de vue, qui permet de saisir comment différentes personnes peuvent expérimenter les mêmes réalités de manière unique, reflétant ainsi la complexité de la vie.

Le roman s'ouvre sur un chapitre intitulé "Les changements de phase des hydrates de méthane", introduisant le lecteur à un sujet scientifique pointu. L'auteur explique que les hydrates de méthane sont des structures de méthane gelé qui entourent les continents, et dont la fonte libérerait une quantité massive de carbone, surchauffant rapidement la planète. Cette menace, bien que scientifiquement incertaine quant à son échéance, est terrifiante : elle pourrait rendre la Terre invivable. Stephen Markley a choisi cette entrée en matière pour immerger le lecteur dans l'esprit d'un scientifique et l'inviter à la réflexion sur la science et ses implications. Il insiste sur le fait que le roman tisse constamment des liens entre le personnel et le politique, le scientifique et l'écologique, cherchant à faire ressentir au lecteur, sur le plan émotionnel, l'ampleur des enjeux que représentent des phénomènes comme les hydrates de méthane.

Stephen Markley met en parallèle l'expérience de ses personnages – celle de crier l'alerte sans être écouté – avec celle de nombreux scientifiques dans le monde réel. Cependant, il note un changement récent : de plus en plus de personnes agissent en réponse à ces avertissements. Le roman se concentre sur ces individus qui, prenant conscience de la situation, s'engagent activement. L'auteur insiste sur la pertinence de son sujet, qu'il considère comme le plus important du moment. Il rejette les qualificatifs d'"apocalyptique" ou "dystopique" pour son roman, préférant le décrire comme un reflet fidèle de la réalité actuelle, citant des événements récents qui ont validé certaines de ses "prédictions". Il exprime même sa crainte que le livre ne se révèle optimiste face à ce qui nous attend.

Ayant consacré douze ans à la recherche et à l'écriture, Stephen Markley a été animé par un sentiment d'urgence qu'il souhaite transmettre au lecteur. Le livre se veut un avertissement sur ce que l'humanité va traverser et sur l'énormité des défis à relever. Mais au-delà de l'alerte, Le Déluge est aussi une feuille de route pour se sortir de cette situation critique. Il invite à une réflexion approfondie sur les systèmes politiques, économiques et sociaux qui ont échappé à tout contrôle, car la crise écologique n'est qu'une facette d'un désordre global. En somme, Stephen Markley espère que son roman incitera les lecteurs à l'action et à un engagement citoyen pour transformer la situation. Il mentionne également ses projets d'écriture futurs, dont un recueil de nouvelles pour lequel il espère briser les a priori du public français.