Dans "Le Chant des pentes", Simon Parcot nous invite à une expérience littéraire singulière, qu'il décrit comme un conte montagnard initiatique aux accents animistes et parfois bibliques, évoquant même un "western d'altitude". L'histoire se déroule au sein d'une communauté montagnarde isolée où la plupart des enfants sont frappés de mutisme. L'héroïne, Gayané, entreprend une ascension pour retrouver la parole, épaulée par d'autres personnages.

Ce roman s'inscrit dans la continuité des œuvres précédentes de l'auteur, "Bord du monde" et "Vertical", mais avec une approche plus solaire et pastorale, moins sombre. Simon Parcot y explore des thèmes qui lui sont chers, notamment la montagne, son lieu de vie et d'inspiration, mais aussi la question cruciale du langage et de la mémoire. Le mutisme des enfants peut être lu comme une métaphore de la nécessité de briser les tabous et les non-dits qui pèsent sur les petits collectifs humains, permettant ainsi une forme de pacification.

La quête linguistique de Gayané résonne également avec une quête personnelle de l'auteur, celle d'une "langue perdue". Plus profondément, le mutisme des personnages fait écho à la propre expérience de Simon Parcot face à la page blanche, une difficulté à trouver les mots justes pour exprimer l'ineffable : la beauté, la mort, l'amour. L'écriture devient alors un acte de défi face à l'indicible, une tentative ludique de dire ce qui semble impossible à articuler, tout en conservant le plaisir du jeu.

La montagne, omniprésente dans l'œuvre de Simon Parcot, n'est pas qu'un simple décor. Elle est un lieu refuge et de ressourcement, propice à l'élévation et à la métamorphose. Mais c'est aussi un espace de vie et de travail que l'auteur connaît intimement, ayant côtoyé bergers et bergères. Cette relation complexe à la montagne se reflète dans ses textes, où elle est à la fois source d'émerveillement et de défis. L'auteur évoque également ses projets futurs, s'éloignant progressivement de l'univers montagnard pour explorer d'autres horizons, tout en abordant dans son prochain livre, une autofiction, les traumatismes et les mémoires ravivés par les crues du Vénéon.