Dans "Le butor étoilé", Sigolène Vinson nous invite à une exploration sensible, qu'elle décrit comme "la chronique d'une année avant ou d'une année devant". Le roman entremêle trois quêtes : celle du butor étoilé, un oiseau rare au chant d'amour unique, celle d'une jeune fille disparue et celle d'une forme d'amour et de liberté.

La nature y occupe une place primordiale, non pas comme un décor vierge, mais comme un élément vivant et intrinsèque, avec lequel les personnages interagissent en symbiose. L'autrice souligne l'importance de l'absence comme une présence, un vide qui, loin d'être forcément comblé, peut être habité par la poésie, l'attention aux êtres (humains ou non) et l'écriture.

Le butor étoilé, véritable Graal pour les ornithologues, symbolise l'espoir et la résilience face aux catastrophes écologiques. Son retour sur les rives de l'étang de Berre, site pétrochimique majeur, est perçu comme le signe qu'une partie de la nature est encore "sauvable". L'autrice y voit une métaphore de l'état du monde, soulignant que derrière cette chimère, se cache un profond "manque désespéré d'amour" sur Terre.

L'écriture de ce roman est profondément sensorielle et vécue. Sigolène Vinson explique avoir écrit "Le butor étoilé" en passant des heures dehors, traduisant en mots les sensations et émotions ressenties au contact des éléments naturels. Son style, bien que le récit soit construit, est devenu le reflet de son corps qui s'exprime, une transformation initiée il y a une dizaine d'années, notamment après l'attentat de 2015, qui l'a menée à renouer avec la nature et à laisser son écriture épouser le dehors.