Dans "La marchande d'oublies", Pierre Jourde nous transporte à la fin du XIXe siècle, une époque fascinée par les troupes de clowns anglais, souvent acrobates, réputés pour leur extravagance, leur brutalité et leur humour macabre. Au cœur de cette histoire, les Elquins, une troupe composée de quatre frères et leur jeune sœur ventriloque. Alaster, le plus jeune des frères, entretient une relation fusionnelle avec sa sœur. Mais un accident le plonge dans la folie et lui fait perdre la mémoire. Il s'évade de l'asile, laissant sa sœur dans le coma, exposée comme "la belle endormie" par ses frères.

Pierre Jourde révèle sa propre peur enfantine des clowns, expliquant cette crainte par leur imprévisibilité et leur capacité à défier la logique. Le roman introduit un psychiatre qui s'intéresse aux personnalités multiples, un thème central puisque Alaster est habité par de nombreuses voix et identités. L'auteur, qui a déjà exploré le double dans ses œuvres, voit cette rencontre comme un carrefour où l'on peut choisir son destin. Alaster incarne une forme de mal, obsédé par la pureté depuis son amour pour sa sœur. Cette quête de pureté, paradoxalement, peut mener aux actes les plus horribles, une préoccupation récurrente dans les romans de Pierre Jourde.