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Aux XIXe et XXe siècles, nombre de penseurs reprochent à la religion d'anesthésier les sentiments de révolte des peuples opprimés par les classes dominantes. Marx, Nietzsche et Freud l'accusent de propager une éthique fondée sur la culpabilité. Au milieu du XXe siècle, P. Teilhard de Chardin prend en compte la critique. L'auteur s'interroge sur la place de la résignation dans le christianisme. ©Electre 2025
La résignation dans la culture catholique (1870-1945)
Aux XIXe et XXe siècles, parmi les attaques de l'athéisme contre la religion figure le reproche d'anesthésier les sentiments de révolte des masses populaires opprimées par les classes dominantes et l'État en prêchant la patience ici-bas et en promettant la récompense dans l'au-delà. Marx, Nietzsche, Freud feront tour à tour le procès de la religion et du bonheur qu'elle prétend promettre, né « de l'anéantissement de la passion et du silence de la volonté ». Aussi bien ils l'accuseront de propager un amour morbide de la souffrance, une éthique fondée sur la culpabilité, « une ivresse d'ascèse morale » par laquelle « on s'imposa toujours de nouveaux renoncements aux pulsions » aboutissant au rabaissement de la valeur de la vie et de l'image du monde réel.
Ces attaques visent au premier chef le christianisme. D'où la question : y a-t-il des éléments dans l'enseignement de l'Église, non seulement du magistère, mais de tous les catholiques, qui puissent justifier ou du moins expliquer partiellement la convergence de ces actes d'accusation ? Tous leurs chefs d'accusation portent en effet sur la notion de résignation. Le chrétien serait résigné à subir, à souffrir et finalement à ne pas oser vivre ses passions - ou ses névroses - dans l'espoir d'un salut éternel que son sacrifice contribuerait à lui obtenir. Au milieu du XXe siècle, Teilhard de Chardin prend en compte la critique de Marx : « La résignation chrétienne est sincèrement considérée et blâmée par beaucoup d'honnêtes gens comme un des éléments les plus dangereusement assoupissants de l'" opium religieux ". Après le dégoût de la Terre, il n'y a pas d'attitude qu'on reproche avec plus de rancune à l'Évangile d'avoir répandue, que la passivité devant le Mal. »
Impossible de rejeter en bloc la notion de résignation et de ne pas se demander si on ne l'a pas trop ou mal enseignée et mise en pratique.
Dans une étude détaillée et vigoureuse, Jean-François Galinier-Pallerola instruit le dossier et tente de répondre à la question : la résignation se trouve-t-elle au coeur du christianisme, parce que le Christ est le Crucifié qui invite ses disciples à se charger de leur croix pour entrer avec lui dans sa gloire, ou n'est-ce qu'une déviation accidentelle et datée du catholicisme dont on s'est opportunément libéré depuis cinquante ans ?
Paru le : 06/09/2007
Thématique : Socio-anthropologie des religions, Dialogue inter-religieux
Auteur(s) : Auteur : Jean-François Galinier-Pallerola
Éditeur(s) :
Cerf
Collection(s) : Histoire
Contributeur(s) : Préfacier : Claude Bressolette - Postfacier : Gérard Cholvy
Série(s) : Non précisé.
ISBN : 978-2-204-08285-3
EAN13 : 9782204082853
Reliure : Broché
Pages : 497
Hauteur: 24.0 cm / Largeur 15.0 cm
Épaisseur: 2.8 cm
Poids: 725 g