Dans ce texte mêlant théâtre documentaire, voyage intime et témoignages, l'auteur interroge le mode de production de la fast fashion dans l'industrie textile et son influence sur les désirs des consommateurs, notamment les adolescents et jeunes adultes. ©Electre 2025

La « fast fashion » est un mode de production de l'industrie textile, enfant du capitalisme, qui consiste à produire toujours plus à des prix toujours plus bas, en développant en parallèle les stratégies visant à surmultiplier les désirs d'achats basés sur l'impérieux besoin de soigner son apparence.

Ce sujet interroge et passionne Didier Poiteaux qui y a consacré une série de recherches et propose à travers ce texte une réflexion ludique et sans jugement sur une des industries les plus polluantes de la planète. Il tente ainsi de comprendre comment le modèle économique influence les désirs des consommateurs - en particulier des adolescents et jeunes adultes - et les oriente vers des achats impulsifs de ce qui est censé les aider à se positionner dans le monde, dans leur monde.

Entre travail documentaire, voyage intime et témoignages poignants, Fast se veut le point de départ d'une réflexion ouverte à toutes les générations.

Belinda : J'ai une vie de rêve. Je vis à Dubaï, j'ai 80 000 followers, je baigne dans le luxe, les paillettes. Vie de rêve, et pourtant c'est beaucoup de boulot. J'avais parfois des week-ends shooting avec plus de quarante tenues. Et la nécessité de surveiller les contrats et la pression des marques qui contrôlent tes posts et t'imposent un rythme. Un jour, par hasard, je découvre un documentaire, The True Cost, je découvre la face cachée de la fast fashion : la pollution, le désastre écologique et humain. Je ne savais rien, je ne savais pas. Alors, je commence à poster des liens vers des vidéos, etc. Je perds 20 000 followers en quelques semaines. Avec des commentaires du genre : « Qu'est-ce que tu fais ? T'as basculé ? T'es devenue chiante ? Reviens ! »

Je me dis : « Je participe à ça, mais non, je ne veux pas. »

Alors, je quitte tout. Je mets fin à mes contrats, je reviens à Nairobi. J'arrête tout, quasi du jour au lendemain, je ne veux plus participer à ça, et je deviens militante pour une mode durable. J'ai une nouvelle communauté avec mes valeurs, mon combat, et j'adore toujours la mode. Mais il y a moyen de faire autrement que la fast fashion.