De sa naissance au pays basque et de la présence culturelle de cette région et de l'Espagne avoisinante dans ses futures compositions, il y a comme une évidence.Pourtant sa famille s'est installée à Paris lorsqu'il avait trois mois, et c'est dans la capitale française qu'il a grandi, étudié et vécu jusqu'en 1921. Cette année-là, il achète une propriété dans un village situé à une trentaine de kilomètres de Paris et, bien qu'il revienne souvent en ville, c'est à Montfort-l'Amaury qu'il écrit la plupart de ses œuvres les plus célèbres, notamment les deux concertos pour piano et l'opéra-fantaisie "L'enfant et les sortilèges".

Le jeune Maurice Ravel est captivé par la nouvelle musique russe, en particulier celle de Rimski-Korsakov. Son père lui fait également découvrir Erik Satie , dont la personnalité singulière et la musique peu orthodoxe ont une forte influence sur lui. Ses jugements sur la musique et les musiciens sont déjà très tranchés , qualifiant une grande partie de la musique de Beethoven d'« exaspérante », l'influence de Wagner de « pernicieuse » et l'harmonie de Berlioz de « maladroite ». Il étudie le piano et la composition au Conservatoire de Paris, notamment dans la classe de Fauré, et se fait un nom avec des œuvres pour piano telles que "Jeux d'eau" et "Miroirs", ainsi qu'avec son Quatuor à cordes. Parmi ses premiers projets d'étudiant figurent l'opéra "Shéhérazade", dont seule l'ouverture subsiste, et "Olympia", un opéra incomplet basé sur Le Marchand de sable d'E. T. A. Hoffmann. Profitant de la mode en vogue à l'époque du ballet, largement encouragée par les Ballets russes de Diaghilev, il va écrire son plus grand chef-d'œuvre" Daphnis et Chloé" et la pièce qui va conquérir le monde, le fameux "Boléro". Travailleur lent et minutieux ( Igor Stravinsky le comparait au « plus parfait des horlogers suisses" ), toute sa personnalité soignée et étudiée se reflète dans la magie mélodique et harmonique de la plupart des oeuvres qu'il nous a laissé.

Souvent associé à l'impressionnisme, tout comme son aîné Claude Debussy, bien que les deux compositeurs aient rejeté ce terme, Ravel n'était en aucun cas un musicien révolutionnaire. Il s'est contenté pour l'essentiel de travailler dans le cadre des conventions formelles et harmoniques de son époque, toujours fermement ancrées dans la tonalité. Si ses mélodies sont presque toujours modales (c'est-à-dire basées non pas sur la gamme diatonique occidentale conventionnelle, mais sur les anciens modes phrygien et dorien grecs), ses harmonies tirent leur saveur souvent un peu acide de son penchant pour les notes « ajoutées » et les appoggiatures non résolues.


Sa vie restera très discrète malgrè son apparence de dandy, le travail primera jusqu'au cinq dernières années de son existence. Dès 1931 et la composition de son brillant Concerto pour piano en sol majeur, Ravel montre les premiers signes d'une maladie cérébrale qui va empêcher la concentration et la mémorisation. Après avoir subi une intervention chirurgicale pour tenter de remédier à son état, il meurt en 1937, à l'âge de 62 ans. Parmi ses derniers projets figuraient les plans d'un opéra intitulé Jeanne d'Arc.