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Lire le ciel - Nihil est nisi fabula cœlum

"Le ciel n'est que fables" (Marcus Manilius - Astronomicon 2:37)
Une actualité de Camille V.L.
Publié le 04/06/2022
Depuis l’aube de l’humanité, il a nourri les fantasmes, les rêves, les histoires, les mythes, les croyances et la pensée de milliers de générations d’individus. Son immensité s’impose à nous dès que notre regard prend de la hauteur et quitte la ligne d’horizon. Est-il objet d’observations et de symboles plus universel que le ciel ?
Que voyez-vous lorsque vous levez les yeux vers le ciel ? De jour, vous y trouverez le soleil, cette étoile si proche de nous que nous ne pouvons fixer les yeux sur elle, à moins qu’il ne se dérobe derrière des nuages de formes diverses et variées ; la nuit, peut-être y avez vous admiré par temps clair une nuit parsemée de milliers d’étoiles plus lointaines, la clarté de la lune ou le ballet de couleurs d’un ciel boréal. De nombreux équipements nous permettent aujourd’hui d’y apercevoir les objets célestes les plus fascinants et les plus lointains. Nous subissons tantôt ses caprices, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ou qu’il grêle, tantôt sa colère quand l’orage gronde ou que la foudre s’abat. D’autres phénomènes, plus rares, peuvent éveiller en nous la peur ou l’émerveillement : une éclipse, le passage d’une comète, l’irruption d’un météore dans notre atmosphère. Certaines disciplines, parfois très anciennes, sont entièrement consacrées à sa “lecture” : de l’astronomie à l’astrologie, en passant par l’astrophysique et la météorologie. Le ciel nous donne tant à voir qu’il nous apparaît tel un livre ouvert au-dessus de nos têtes, riche d’images dont nous avons toujours écrit les légendes. “Le ciel n’est que fables”, écrivait le poète latin Marcus Manilius...

D’abord et longtemps resté hors d’atteinte, le ciel ne s’est offert qu’à notre regard nu. Dans l’Antiquité, les babyloniens, les grecs puis les romains y associent étroitement une observation minutieuse des phénomènes astronomiques et leurs représentations culturelles : les planètes observables incarnent le panthéon divin, les constellations racontent les destins extraordinaires de leurs héros. Il nourrit allègrement la pensée des philosophes antiques, imprègne leur perception du monde. Il est tantôt principe masculin dans la tradition chinoise, tantôt principe féminin chez les égyptiens sous les traits de la déesse Nout, recouvrant la terre de son corps voûté et parcouru par les astres. La bible lui associe Dieu, y situe son royaume et sa demeure. On y lit alors les caractéristiques de l’ordre cosmique auquel nous appartenons, la hiérarchie naturelle et immuable dans laquelle nous nous inscrivons.

Partie intégrante de la connaissance de la voûte céleste dans le monde antique, l'astrologie s'intéresse quant à elle à l’influence des astres sur nos destinées.  On retrouve bien sûr le ciel sous les traits d’un hexagramme dans le Yi Jing, traité de divination devenu un des grands classiques de la littérature chinoise. Marcus Manilius, au tout début de notre ère, rédige l’Astronomicon, un très long poème en vers dédié “aux astres qui partagent la connaissance du destin” ; un peu plus tard Ptolémée rédige sa Tétrabible, l’ouvrage astrologique le plus célèbre de l’Antiquité. Les constellations zodiacales tiennent encore, dans la pratique moderne de cette discipline, une place prépondérante.

Mais l’observation du ciel revêt aussi très tôt une dimension utilitaire : la position des astres offre des repères météorologiques et temporels, sert de boussole de navigation à l’aide d’instruments tels que l’astrolabe puis, plus tard, le sextant. Progressivement, l'œil scrutateur de l’humanité s’aide de matériels de plus en plus perfectionnés, mettant en œuvre des techniques et des outils toujours plus sensibles, de la simple lunette astronomique au télescope spatial James Webb.

Nous lisons désormais dans le ciel les évènements de la prime jeunesse de notre univers et les lois qui le structurent, tentant de trouver entre les lignes les plus visibles les réponses qui nous échappent, jusqu’à parvenir à observer un des objets célestes les plus insaisissables : le trou noir. Car le ciel, c’est aussi ce que nous ne pouvons pas y voir, ou n’y voyons pas encore. Comment franchir le fond diffus cosmologique ? Comment identifier l’énergie et la matière noires censées composer 95 % de notre univers ? Pourrons-nous, un jour, lire dans le ciel sa naissance, prédire son avenir, être enfin capables de raconter l’intégralité de son histoire ? Un vertige métaphysique auquel il nous est en tout cas toujours permis de rêver.

Du visible et de l'invisible : ce que le ciel donne à voir, ce qu'il nous cache encore

Comment lire le ciel ? Quelques ouvrages...

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