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La fête

Une actualité de Charline
Publié le 01/02/2025
Vive la fête !
"La fête comme potentiel de débordement au-dehors, la fête comme cabane et refuge, berceau de la joie et du soin, arme des luttes, script de contre-narrations et comme grammaire déjouant le réalisme du jour", écrit Arnaud Idelon dans son dernier livre chez Divergences, "Boum Boum, politiques du dancefloor". Il est de ces expériences qui ouvrent des brèches, semblent un instant dérégler le cours du temps et nos géométries quotidiennes, ouvrir à de nouvelles possibilités, de nouveaux liens, à soi, aux autres, au collectif. La fête est un espace d’une intensité rare, paradoxale, déroutante,  un terrain de jeu. Faire la fête ? C’est faire tout et son contraire, s'aventurer du côté de la perdition et de la réinvention : c'est un paradigme intime et collectif en soi, un espace de résistance,  une archictecture. 

Fêter, entrer dans le rêgne privilégié de l’ambiance et de la totalité (couleur, espace, lumière), sensationnel, épiphanique, ou les corps se désinhibent un temps : éprouver la puissance de l'euphorie,  du mouvement et de la vivacité. Extatique, la fête attrait à l'expérience de la libération et de la transcendance, convoquant le dyonisiaque, le rituel. Parce qu'elle nous dépasse et incarne l’extraordinaire, l'expérience cathartique en soi, "l'insurrection des sens" (Pierron), la fête est sacrée. Des cérémonies païennes qui honoraient le cycle de la nature et de la vie, aux rituels de passsages et d’intronisation, c'est un fait social total, une régulation de notre rapport au divin et au spirituel. 

Si le régime de la fête peut se dérober à notre régime social, il a dans toute son ambivalence une codification inhérente et nécessaire à son déroulement. C’est à la fois un espace de libération et de contrainte, miroir de nos pratiques sociales (l’enjeu des violences faites aux femmes en milieu festif, par exemple) ou le lieu par excellence de l'émancipation. Parce qu’elle permet de s’amuser à déjouer les normes, la fête a toujours été le lieu où les groupes marginalisés  ont pu trouver communauté et imaginer de nouvelles façons de s’organiser face la domination, la violence, la répression. Dans son livre Gay bar, Jeremy Atherton Lin retrace ce que le bar gay syncrétise des vies homosexuelles, de l'appartenance, de la stigmatisation, de la respectabilité et de la construction des identités. Le bar gay, festif par excellence, est un habitat, un seuil, un sanctuaire, où se croisent les sociabilités, les vulnérabilités, les désirs et les devenirs. C'est aussi une géographie en soi, un témoin, une littérature clandestine.





La fête avec Sensibilités

Le dernier numéro de la revue Sensiblités, "La fête nuit et jour", coordonné par Anouche Kunth, Hervé Mazurel et Quentin Deluermoz : une exploration sociologique et anthropologique à travers les âges, les formes et les temps de la fête pour rappeler à ce "temps de désespérance" les "vertus vivifiantes des communions festives". 

La fête

Une sélection d'essais autour de la fête, à retrouver sur nos tables en sciences-humaines.