Une histoire des villes et du réseau urbain bretons qui présente les caractères typologiques, esthétiques, architecturaux et sociaux du patrimoine urbain constitué par les villes d'art et d'histoire, ainsi que les petites cités de caractère. ©Electre 2025

La cause est entendue : la Bretagne est un pays de marins. La kyrielle des havres accrochés à la plus minuscule des anses qui parsèment la péninsule en témoigne. Depuis ces ports, on cabotait, on péchait, on commerçait, à l'époque moderne, avec la Scandinavie ou les Antilles ; on exportait les toiles de lin vers l'Espagne, puis les Amériques ; et, à présent, on pratique la plaisance.

La Bretagne est aussi une province de paysans dont les costumes, les moeurs et la langue ont été vus par les voyageurs romantiques comme des objets pittoresques, voire étranges. Leurs fermes et leurs manoirs, isolés dans des criques escarpées ou sur des landes rudes, ont fait les délices des peintres. La multitude de leurs bourgs et de leurs paroisses passait pour révéler la profondeur d'un enracinement et d'un sentiment religieux archaïque, alors qu'ils furent les mailles d'un univers de vie original, tant rural qu'urbain.

Armor, Argoat, l'opposition est aussi classique qu'éculée.

Mais, la Bretagne est-elle un pays de villes ? Le temps est venu de dissiper le mythe qui voudrait que non. C'est l'objet de ce livre. Dès l'Empire romain des fondations prospères et populeuses ont existé en Armorique. Le clocher d'Ys a disparu dans les flots, certes, mais le « beau » XIII^e siècle a fondé une soixantaine de localités dont plusieurs ont ensuite été fortifiées pour défendre l'indépendance du duché. Leurs vestiges font la fierté et l'attrait des cités d'art et d'histoire d'aujourd'hui. Le XVIII^e siècle a apporté plus que des embellissements : des projets modèles, à côté d'arsenaux puissants. Le siècle suivant passe pour avoir ignoré les villes bretonnes. C'est faux. Nombre d'entre elles y ont reçu des équipements durables et développé des entreprises performantes. Des villes neuves ont surgi de leurs ruines après les bombardements de 1944. Enfin la modernité s'est conjuguée avec les formes les plus subtiles du régionalisme dans un chapelet de cités qui, avec les grandes capitales régionales, sont des lieux vivants où la politique de l'habitat et la haute technologie font bon ménage avec un tourisme de découverte et avec les traces préservées d'un passé brillant.