Les peintres lorrains ont été, jusqu'à présent, négligés des historiens d'art et restent, pour la plupart, ignorés du public. Le retour de la dynastie légitime en 1698, l'indépendance des duchés de Lorraine et de Bar maintenue jusqu'en 1766 et le très actif mécénat des derniers ducs, donnèrent au foyer artistique lorrain une personnalité très marquée dans l'Europe des Lumières. ©Electre 2025

La peinture lorraine du dix-huitième siècle est aujourd'hui injustement méconnue. Si le superbe ensemble urbain de Nancy et le «Versailles lorrain» de Lunéville bénéficient à juste titre d'une notoriété internationale, les peintres ont été, jusqu'à présent, négligés des historiens d'art et restent, pour la plupart, ignorés du public. Beaucoup ne méritaient pas que la postérité se montre à ce point oublieuse, comme en témoignent, entre autres, les fresques de l'Hôtel de Ville de Nancy, de la tribune d'orgue de Saint-Jacques de Lunéville et de nombreux tableaux disséminés dans les églises et les musées.

Le retour de la dynastie légitime en 1698 et le très actif mécénat des derniers ducs donnèrent au foyer artistique lorrain une personnalité très marquée dans l'Europe des lumières. Intégrée dans l'espace culturel français bien avant le rattachement, la Lorraine ducale resta cependant largement ouverte à l'esthétique baroque. Formés au contact d'artistes venus de Paris et d'Italie, ayant eux-mêmes voyagé dans la péninsule, des peintres comme Claude Charles. Claude Jacquart, Jean Girardet, et bien d'autres encore, laissèrent une œuvre importante qui attendait d'être mieux connue. En revanche, la production picturale semble avoir été moins riche dans les Trois Evêchés par suite, le plus souvent, du départ des meilleurs talents vers Paris ou les cours étrangères. Les peintres figurent, en effet, en bonne place dans une véritable diaspora lorraine active tout au long du dix-huitième siècle. S'ils ne furent pas tous de grands artistes comme Joseph Ducreux ou Jean-Baptiste Leprince, ils furent reçus avec faveur aussi bien dans les petits états princiers d'Allemagne rhénane qu'en Autriche, dans l'empire russe, à l'Académie royale de Paris ou à la cour de France.