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Réflexion sur l'art de peindre, des théories platoniciennes jusqu'au dogme qui attribue à l'art la capacité d'exprimer la vérité de l'intériorité. L'auteure montre que le cadre de la peinture témoigne d'engagements, d'évolutions professionnelles et de configurations disciplinaires et évolue entre subjectivité et objectivité. ©Electre 2025
Le cadre invente la peinture et contribue à la naissance d'un concept qui a révolutionné les domaines du religieux, du politique et de l'imaginaire. Consacrés par la maîtrise de la perspective, l'évolution de la position sociale du peintre et les instances de pouvoir, la peinture et ses artifices servent de métaphore à la représentation jusqu'à renoncer devant la photographie. Dès qu'il est devenu un objet autonome, le tableau dans son cadre contient virtuellement les prémices des crises qui suivront.
Des théories platoniciennes qui condamnent la peinture comme incapable de produire des vérités, jusqu'au dogme romantique qui attribue à l'art la capacité d'exprimer la vérité de l'intériorité, c'est bien la réflexion inaugurale d'Alberti qui fonde «un examen tout à fait nouveau de l'art de peindre.» La théorie de la vision développée dans les écrits de Descartes, corrobore les modalités de cet apparaître pour le moins paradoxal puisqu'il décline l'être de la situation dans la situation. L'art, qui fut langage commun de l'inaction sociale, comme l'écrit Guy Debord dans La société du spectacle, se constitue en entité indépendante dès qu'il émerge de son univers religieux, et devient une production individuelle d'oeuvres autonomes. Mais il marque alors le commencement de sa dissolution et de sa désagrégation qui se réorganisent dans le spectaculaire intégral de la société contemporaine.
Le cadre de la peinture, qui témoigne d'engagements, d'évolutions professionnelles et de configurations disciplinaires, évolue donc entre subjectivité et objectivité. La peinture, comme l'art en général, montre cette dynamique qui revendique l'énonciation de sa propre vérité objectivée. Le jeu qui s'établit entre ces paramètres, annonce tantôt la fin de l'art pictural ou parfois son retour, interroge le sens de l'oeuvre, analyse ses conditions fondatrices. Il décompose l'effet produit sur le spectateur par un objet tableau que personne ne sait plus définir sous les effets multiples de sa reproductibilité qui ont détruit son essence et son existence. L'artiste et l'oeuvre sont alors définitivement absorbés par le corps sociétal, ses institutions, ses publics.
L'activité du peintre construit une réalité qui loin de se borner à imiter la nature ou à représenter un idéal, crée une image paradoxale qui contribue malgré elle au dévoiement de l'art par l'invention de son objectivité. Le cadre de la peinture renvoie celle-ci à ses propres interrogations, à ses propres ruptures et à ses limites.
Paru le : 08/04/2009
Thématique : Histoire de la peinture
Auteur(s) : Auteur : Patricia Signorile
Éditeur(s) :
Kimé
Collection(s) : Esthétiques
Série(s) : Non précisé.
ISBN : 978-2-84174-483-1
EAN13 : 9782841744831
Reliure : Broché
Pages : 268
Hauteur: 21.0 cm / Largeur 15.0 cm
Épaisseur: 2.0 cm
Poids: 358 g