Synthèse et commentaire de documents anciens sur le tunnel ferroviaire du col de Bussang, ou percée des Vosges. Les travaux de cet ouvrage d'art, resté inachevé, commencèrent en 1932 et prirent fin en 1935, et pendant la Seconde Guerre mondiale, de mars à septembre 1944, des prisonniers des camps de Dachau et du Struthof reprirent le percement. ©Electre 2025

Le mérite de cet ouvrage - troisième du nom sur notre région par Raphaël Parmentier - est de nous plonger une fois de mieux au coeur d'un mythe, celui de l'Europe industrielle à laquelle tout semblait réussir. Mais ici, dans le même contexte montagneux qu'aux Thermopyles et Roncevaux, le vent de l'histoire tourna court. Notre civilisation s'inclina et le fier Enfant Progrès, pourtant jusqu'à lors en pleine gloire, entouré de onze cents braves compagnons, mit un genoux à terre, vaincu... Ainsi s'écrivent certaines pages de l'histoire de nos communautés, de notre Iliade et Odyssée.

Et quelle justesse de ton de la part de Dominique Peduzzi, quand il s'agit de nous plonger dans cette histoire qu'il nous fait l'honneur de préfacer ! Le maire actuel de Fresse-sur-Moselle initie très justement le début du récit en nous rapportant les circonstances d'une promenade familiale d'il y a quarante ans et toute emprunte d'une émotion gardée intacte, accompagnant le souvenir lié à la grandeur imposante de certaines ruines barrant le paysage..., tout en se rappellant que..., son père lui racontait que...

Pourtant l'aménagement du grand Est de la France avait bien été pensé ! La ligne Lure - Le Thillot (venant rejoindre celle de Rupt-sur-Moselle - Saint-Maurice - Bussang - Urbès) avait déjà percé les granits Vosgiens en 1912 et surtout, avec toute la cohérence du vaste plan d'équipement régional grand Est, le canal «Montbéliard - Conflandey» devant relier le canal Rhône - Rhin à celui de la Saône via les mines de Ronchamp, en était à la mi-parcours de sa réalisation quand il a été brusquement abandonné, subissant donc, lui aussi, le même sort (1) que notre tunnel et son barreau ferroviaire.

Dominique Peduzzi nous fait partager le bonheur d'une promenade déjà lointaine qui est devenu, peu à peu une terrible leçon d'histoire. Le responsable qu'il est, le préfacier de cette oeuvre «Urbès / St Maurice, le souterrain du col de Bussang» saura, avec nos personnalités politiques, relever les défis de notre temps et continuer la grande aventure de nos communautés en quête de progrès. Faisons le voeu qu'il y aura toujours un auteur de la trempe de Raphaël Parmentier pour nous en faire le récit.

Pascal Magnin éditeur.

(1) Voir à ce sujet l'ouvrage tout aussi remarquable «Le canal de Saône et le bassin de Champagney» de Pierre Klinger.