Etude du territoire de Massat en Ariège à l'aide de documents historiques, durant l'Ancien Régime et sous différents aspects : situation géographique, vie quotidienne et traditionnelle, activités économiques et sociales, conflits et comportements sociaux et religieux, institutions politiques. ©Electre 2025

Massat, une communauté en résistance

Toutes les communautés pyrénéennes de l'Ancien Régime n'ont pas eu les chances historiques, comme l'Andorre, d'obtenir une pleine autonomie territoriale, mais beaucoup ont su user de leurs particularismes pour résister opiniâtrement aux pouvoirs extérieurs. C'est le cas de la vallée de Massat, pointe extrême des terres gasconnes du Couserans ariégeois : contre les seigneurs de Foix-Rabat puis la famille de Sabran, mais aussi contre le Parlement de Toulouse et surtout l'Etat royal en pleine croissance, les habitants tentent de réactualiser un Age d'Or plus ou moins mythique, rappelant sans cesse un temps où les libertés d'usage et de gestion des forêts et montagnes étaient bien plus affirmées.

Ce qui ne va pas sans querelles internes, oppositions aux vallées voisines, contestations contre les notables intermédiaires qui monopolisent les fonctions politiques des communautés, les maîtres des forges et des moulins, les accapareurs des terres les plus prospères - qui justement ne laissent aux plus pauvres que l'usage précaire des communaux et le travail journalier, parfois la mendicité ou l'exil.

Pourtant ces révoltes locales pour les libertés, source trop méconnue de la Révolution, maintiennent des capacités séculaires d'autogestion du milieu naturel et du système politique local, qui seront réactualisées à bien des reprises, notamment lors de la fameuse « guerre des Demoiselles ». Jusqu'à aujourd'hui, les marges et marches des territoires étatiques conservent une certaine spécificité, et des capacités de résistance plus importantes contre le nivellement étatique. Reprenant les grandes divisions qu'à proposé Braudel autour du couple plaine/montagne autour de la Méditerranée, des politologues du monde contemporain ont pu voir dans ces modèles politiques locaux des formes d'alternatives encore inédites mais toujours « bonnes à penser ».