Présente des épisodes de l'histoire de la commune de Saint-Mandé de ses origines au XIXe siècle : la création du prieuré, l'achat du territoire de Saint-Mandé par Philippe le Hardi, les seigneurs de Saint-Mandé, etc. ©Electre 2025

Sans doute est-ce une profonde injustice que Saint-Mandé ait connu une notoriété subite, en 1836, à la suite d'un duel célèbre entre deux publicistes. Emile de Girardin et Armand Carrel : et, plus encore, que cette renommée soudaine soit liée à la mort de ce dernier, avenue du Bel Air (à Saint-Mandé), chez le capitaine Paira, suivie d'obsèques grandioses, le 26 juin 1836, auxquelles assistèrent dans un calme impressionnant 30 000 personnes, dont le tout Paris des arts et lettres. Fallait-il, en effet, ce hasard sinistre, la présence, le jour de ces funérailles, de Chateaubriand, Béranger, Arago, Laffitte, Maillefer, Thibaudeau, l'érection d'une statue en bronze dans le cimetière de la ville, due au ciseau de David et à une souscription organisée dans toute la France pour pérenniser à jamais le nom de Saint-Mandé qui pouvait, pour d'autres raisons, passer à la postérité ?

Le charme de la cité, le mystère qui entoure ses origines, la singularité du destin de ce hameau devenu une commune au moment de la Révolution, puisant ensuite dans une formidable énergie collective pour devenir une véritable ville, le talent avec lequel a été exploité le site naturel, tout cela nous parait beaucoup plus révélateur qu'un fait divers, aussi tragique fût-il. D'autant que bien d'autres personnages de renom passèrent et vécurent dans la localité : à commencer par le surintendant Fouquet qui s'y installa en 1657 et à qui le roi Louis XIV rendit visite en personne, la même année. Certes, la vie du surintendant à Saint-Mandé, que nous décrit longuement l'auteur dans cet ouvrage, fut aussi voluptueuse que laborieuse, grevée de dépenses fastueuses et son quo non ascendam fut éclaboussé par son arrestation, en 1661, mais ses premières paroles, quand il se vit perdu, furent pour Saint-Mandé, pour cette retraite qu'il s'était ménagée.

Saint-Mandé est <>, écrivait Ulysse Robert, il y a un siècle, en nous retraçant par le menu son urbanisation progressive : elle demeure encore aujourd'hui l'un des fleurons du Val-de-Marne, une ville de plus de 18 000 âmes qui n'a rien perdu de sa beauté et de son charme.