Relate la vie du petit village du Pouget (Languedoc) dans les années 1930, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Un mode de vie familial, simple, rythmé par les saisons et l'agriculture. ©Electre 2025

Cet essai, ce petit roman domestique par lettres, a pour but de faire découvrir aux jeunes ce qu'était, avant-guerre, la vie quotidienne dans un village du Languedoc situé dans la vallée de l'Hérault, au contact des garrigues, face aux contreforts des Cévennes. Ce village a un nom, il s'appelle Le Pouget.

Dans les années trente, il y avait bien peu de voitures automobiles sur des routes à peine goudronnées, de rares avions traversaient le ciel à basse altitude, le téléphone était rudimentaire ou inconnu dans les campagnes, la télévision n'existait pas, la radio était encore crachotante et balbutiante. Le cheval régnait en maître. Il servait à la fois aux déplacements humains à courte distance, aux transports de matières premières indispensables et surtout aux travaux agricoles, qui, tous, dans cette région de monoculture, concernaient les vignes, activité essentielle, unique, du village. Qu'il était noble et fier le cheval de trait de notre enfance!

En ce temps-là, la vie était encore patriarcale, simple et traditionnelle. Les gens vivaient en famille, les familles se regroupaient par quartiers, les quartiers s'assemblaient pour constituer un village doté d'une âme unique. Les grands-mères faisaient cuire les aliments au feu de bois, alimenté par les sarments qui provenaient des vignes. Les saisons étaient rythmées par les travaux agricoles, les labours, la cueillette des raisins, la vendange, la préparation du vin, chez soi, dans la cave attenante à la maison. Le soir, tous veillaient ensemble, l'hiver au coin du feu, l'été devant la porte, dans la relative fraîcheur de la nuit. Les soirées servaient à raconter des histoires, des légendes locales, des anecdotes du temps passé. Pourtant, ce n'était pas une époque idyllique. Il y avait des maladies, des morts et la guerre est venue avec son cortège de deuils et de peines.

Nos enfants ignorent ce mode de vie. Ils considèrent parfois cette époque lointaine comme surannée. Ils sont plus proches, par la vertu des fictions cinématographiques, de l'Antiquité ou du Moyen Âge. Il m'a semblé urgent de les informer des activités de leurs ancêtres. L'homme ne vit pas sans traditions et sans la mémoire du passé de sa tribu.