Prenant pour objet d'étude la Charente-Inférieure du XIXe siècle, l'auteur analyse les modalités par lesquelles une communauté s'approprie en son sein la présence de lieux de culte, de structures, de symboles religieux, et comment les pratiques, l'appartenance, les signes religieux structurent l'identité territoriale des communautés. ©Electre 2025

Au cours du XIX^e siècle, le statut du fait religieux s'est radicalement transformé dans la société française. Par la reconnaissance légale et publique de plusieurs cultes admise par le Concordat et les Articles organiques, l'affirmation de la religion dans l'espace public se décline désormais selon une formule inédite, celle d'une concurrence religieuse, sous le contrôle de l'État. Pour analyser la force des identités confessionnelles et l'importance des processus de sécularisation dans la France contemporaine, l'Aunis et la Saintonge offrent un espace de choix. Une réputation de tiédeur catholique symbolisée par la « Petite Chine » de Matha ; une minorité protestante au prestigieux passé et toujours dynamique à la Rochelle comme dans la presqu'île d'Arvert ; des groupes anticléricaux de plus en plus bruyants et que personnalise un Saintongeais d'adoption, Émile Combes, l'un des pères de la loi de Séparation des Églises et de l'État... Autant de signes révélant l'intérêt d'étudier la Charente-Inférieure, aujourd'hui Maritime.

Peser le poids de la religion dans l'espace public permet de partir sur de multiples terrains d'enquête. Une première question est celle du poids des confessions ici présentes : combien de catholiques ? Combien de protestants ? L'ouvrage se penche sur de nombreuses échelles et types d'espaces. La diversité de l'organisation administrative du maillage territorial des Églises - Église catholique et Églises issues de la Réforme - et des forces irréligieuses - loges maçonniques et sociétés de libre-pensée - est importante. Les espaces matériels, tant ceux contrôlés, apparemment, par les Églises que ceux faisant l'objet de concurrences entre groupes cherchant à y affirmer un monopole du pouvoir légitime, sont au coeur du livre. Edifices de culte, cimetières ou écoles constituent quelques-uns des lieux les plus visibles de ces débats : comment la foi religieuse s'y exprime-t-elle ? Comment y est-elle combattue et par qui ? Enfin, les religions s'extériorisent par des manifestations physiques qui mettent en scène clercs et laïcs : « lieux de mémoire » protestants et catholiques, pèlerinages, processions religieuses et même l'ultime accompagnement des dépouilles mortelles sont autant de moments où s'affirment les identités religieuses. Offrant une contribution originale à la connaissance de la Charente-Maritime au XIX^e siècle, cet ouvrage vise à souligner la richesse des contrastes des paysages religieux du département. De l'île de Ré à Montlieu, de Saint-Jean-d'Angély à Royan en passant par Saintes ou La Rochelle, La religion dans l'espace public propose un voyage dans un passé méconnu de l'Aunis et de la Saintonge.