Une étude approfondie de la lutte d'influence qui régissait les rapports entre l'Eglise et les instituteurs dans ce département. Les rapports d'inspecteurs sont la source principale de cette étude et sont accompagnés d'une importante bibliographie. ©Electre 2025

Le XIX^ème siècle a vu naître, tardivement, l'enseignement public gratuit, obligatoire et surtout (en ce qui nous intéresse) laïc. Ce siècle de scolarisation en France est aussi celui de la naissance et de l'affirmation d'un métier : celui d'instituteur.

Au cours du XIX^éme, l'instituteur connaît la tutelle de l'Eglise et assiste à sa disparition, il passe du statut de chantre, bedeau et clerc-laïc à celui de fonctionnaire. L'Eglise tente de réagir et de mettre en place un enseignement parallèle placé sous sa tutelle et confié à des congréganistes. L'instituteur est donc l'objet d'enjeux politiques nationaux qui ne manquent pas de ressurgir à l'échelon départemental. C'est ce que l'on peut voir grâce à cette étude centrée sur le département de la Somme qui appartient à cette France scolarisée et alphabétisée située au Nord d'une ligne St Mato-Genève décrite par François Furet et Jacques Ozouf. On constate que la Municipalité amiénoise a fait figure d'avant garde en matière de laïcisation.

Grâce aux nombreux rapports d'inspection étudiés ici, on perçoit la pesante tutelle que l'Eglise exerçait sur l'instituteur et son école, certains récits ne manquent d'ailleurs pas de pittoresque.

Les rapports d'inspecteurs ont été la source principale de cette étude, ceux-ci sont très précieux et ne manquent pas de relater les faits et gestes des instituteurs ou trop anticléricaux pour certains, ou trop cléricaux pour d'autres. Pour obtenir un poste, les recommandations d'un homme d'Eglise étaient souvent de bons augures et gage d'une moralité certaine.

A partir des années 1880, l'action de Jules Ferry et de René Goblet bat en brèche la pression cléricale et donne enfin aux "hussards noirs de la République" la place qu'ils garderont jusqu'à la fin des années 1960.