Une lecture révolutionnaire de l'histoire romaine sous l'Empire qui a pour ambition de détacher le lecteur des préjugés des historiens romains qui chargent les empereurs des pires vices. Or, l'examen exhaustif des sources révèle que les empereurs ne s'acharnèrent pas à détruire le bien public : ils furent prisonniers des sénateurs dont l'égoïsme de classe aiguisait l'opposition à l'Empire. ©Electre 2025

Caligula dialoguait avec la Lune. Néron chantait. Commode était gladiateur. Elagabal, froufroutant de soie, racolait dans les couloirs du palais impérial, tandis que Maximin le Thrace luttait sans discontinuer contre trente adversaires successifs. Mais qu'était donc l'Empire romain ? Car tous ces hommes étaient ce que nous appelons des empereurs, c'est-à-dire, selon les formulations d'aujourd'hui, les chefs d'une superpuissance. La malédiction de Lucain, qui disait que les Romains était un peuple dégénéré, serait-elle fondée ? Comment un empire aussi considérable peut-il avoir eu des dirigeants de cet acabit ? Hasard du destin, volonté de la fortuna ?

Du côté du Sénat, le tableau n'est pas moins effarant. Les sénateurs romains semblent, à lire les sources, avoir été frappés de langueur. D'abord ils n'arrivaient pas à se reproduire. Surtout, ces hommes, bercés par l'Histoire, nourris des exploits de leurs ancêtres, rivalisent, pour nous, avec les ombres de l'Hadès. Comme si rien en ce monde n'avait pu trouver grâce à leurs yeux et provoquer, ô miracle, leur action. Comme si leur nom était trop grand pour s'abaisser dans cette tâche servile qui les faisait servir un princeps, ou comme si, le servant, ils n'avaient pu être que des exécutants prêts à toutes les bassesses.

Tout cela est-il vrai ? Et, dans ces conditions, le lien implicite, entrevu d'une manière évanescente, entre des empereurs jugés fous et des sénateurs incapables existe-t-il ? Est-il le sésame faisant accéder à un système socio-politique, voire à la dynamique d'une histoire ?