Il est curieux, fait remarquer l'auteur, français d'origine croate, de cette histoire des peuples de l'ex-Yougoslavie, d'entendre dire aujourd'hui que l'on assiste au réveil des nationalités dans les Balkans, puisque ces nationalités n'ont jamais été endormies : la preuve en est que ces "petits peuples" ne se sont jamais laissé dévorer par les grands empires. ©Electre 2025

La guerre des Serbes contre les Slovènes, puis contre les Croates et enfin les Bosniaques, qui a éclaté en 1991, était déjà prévisible en 1990, sinon dès 1987. Elle prend ses racines dans la longue histoire mouvementée de l'ex-Yougoslavie et des Balkans, terres traversées par les frontières mouvantes de l'Orient et de l'Occident, du catholicisme et de l'orthodoxie, successivement dominées par les grands empires ou soumises à l'influence prépondérante des puissances européennes.

Cette guerre barbare, le monde la connaît surtout par le nom de quelques-unes de ses villes martyres : Vukovar, Dubrovnik, Sarajevo... Elle s'étend jusque dans les plus petits villages. Elle a déjà entraîné l'exode de plus de deux millions de Croates et de Bosniaques dans leur propre pays.

Tout à la fois guerre civile, guerre communiste, guerre de religion, guerre de conquête, résurgence de haines anciennes entre les Serbes et les Croates, est-il possible de discerner une vérité dans une telle complexité ? Y a-t-il un agresseur, la Serbie, et des victimes, la Croatie et la Bosnie-Herzégovine ?

La deuxième Yougoslavie - celle de Tito - n'existe plus depuis le 25 juin 1991, mais on cherche toujours à la ressusciter de son "coma clinique", sinon de nom, du moins dans son principe. C'est parce qu'elles n'ont pas compris cette évidence que les actions diplomatiques de l'Europe, des Etats-Unis, de l'ONU ont aggravé cette guerre absurde en se faisant ainsi complices de fait de la Serbie et de l'armée rouge ex-yougoslave contre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine.

L'ancienne Yougoslavie n'a jamais été qu'une mosaïque de peuples. Les nations qu'elle a prétendu regrouper à deux reprises depuis 1918 existent depuis le VII^e siècle. La présence de minorités nationales dans chacune des Républiques de ce qui fut la Yougoslavie ne doit pas mettre en cause les frontières et l'existence de chacune des nations historiques en tant qu'Etats souverains.

Au regard de l'histoire, la première et la deuxième Yougoslavie ont été des expériences éphémères qui, toutes les deux, se terminent dans le sang. C'est pourquoi, une troisième Yougoslavie n'est pas possible. Les lecteurs français, désinformés ou indifférents, trouveront dans ce livre matière à réflexion sur l'histoire de ces très anciennes nations où se joue sans doute une part de notre destin.