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Etude des rapports entre le banditisme et la parenté en Corse entre les XVIe et XVIIIe siècles, à l'intérieur d'une société d'Ancien Régime, au coeur d'une construction politique, celle de la formation de l'Etat moderne. En se livrant à un examen des multiples situations, sources de conflits, elle montre que la violence ne saurait être ramenée au seul phénomène de la vendetta. ©Electre 2025
Longtemps la question de la violence a été traitée de façon réductrice, en la renvoyant au seul phénomène du banditisme. La lecture romantique de la vendetta a abouti à la construction d'un banditisme « d'honneur », pour touristes et cartes postales avant de l'être pour les Corses eux-mêmes par un jeu de miroir. La réalité est tout autre, surtout si l'on interroge des périodes plus anciennes.
Pour point de départ à toute analyse il faut prendre en compte le double jeu évident et des autorités génoises et des élites insulaires. Les Génois, niant l'extrême variété des situations conflictuelles, mettent en place par étapes un arsenal répressif et, considérant que la violence dans l'île se réduit à la seule vendetta, ils affichent la répression comme unique réponse, tout en privilégiant constamment le traité de paix et l'arrangement entre les familles. D'autant que les effectifs engagés, souvent trop faibles, ne permettent pas de faire face à toutes les situations, créant les conditions d'une légitimation de la violence, aux origines des révolutions de l'île. Et les élites insulaires soutiennent alors le plus souvent cette politique, sans se priver d'initier les vendettas et d'en organiser leurs règlements. Dans ce cadre, le rôle du clergé, assez secondaire à l'origine, devient progressivement prépondérant.
Face à un pouvoir faible, le groupe familial met en place les conditions de sa survie, par la manifestation constante de sa force, exprimée par le nombre d'individus et l'échange matrimonial, une architecture défensive et le recours à la violence lorsqu'il se sent menacé. En se livrant à un examen des multiples situations, sources de conflits, Antoine-Marie Graziani montre sans ambiguïté que la violence ne saurait être ramenée au seul phénomène de la vendetta : mutilations d'animaux ou d'arbres, destruction de récoltes ou de troupeaux, viols, enlèvements, empoisonnements, ce catalogue n'a de sens qu'à travers l'analyse de contextes différents.
Les règlements des conflits sont basés sur la loi du talion, compromis entre la notion aristocratique de l'honneur et celle marchande de l'échange. En ne conservant que l'honneur, la présentation romantique en a dévoyé le sens. Mais la présentation philosophique récente, abstraite, des notions de justice et de violence, n'est pas plus éclairante : rien de plus concret au contraire dans les traités, que le lien entre paix et paiement, entre justice et règlement. Par là, la Corse rejoint la grande cohorte des pays méditerranéens touchés par le phénomène de la violence, dont elle peut même apparaître comme une sorte d'archétype. Quant à la situation de la femme dans ce cadre là, elle n'est pas des plus réjouissantes : promise souvent très jeune, victime fréquemment de son époux, elle reste « l'oiseau de passage » décrit par Cristiane Klapisch-Zuber, plus dépendante de sa famille de départ que de celle qu'elle crée avec son mari.
Paru le : 05/07/2011
Thématique : Histoire de France - Généralités
Auteur(s) : Auteur : Antoine-Marie Graziani
Éditeur(s) :
A. Piazzola
Collection(s) : Non précisé.
Série(s) : Non précisé.
ISBN : 978-2-915410-94-5
EAN13 : 9782915410945
Reliure : Broché
Pages : 339
Hauteur: 24.0 cm / Largeur 17.0 cm
Épaisseur: 1.8 cm
Poids: 580 g