L'auteur, politologue et diplomate, considère l'Afrique comme une entité politique indivisible. Il s'agit selon lui d'amorcer une refondation autour de valeurs communes en partage et d'un patrimoine historique et géographique revendiqué. La clé d'un tel défi serait l'éducation. ©Electre 2025

Le nouvel espace Africain et ses fondements

Issa Ben Yacine Diallo est un politologue et un diplomate de carrière. Il a longtemps servi aux Nations Unies en différentes qualités, notamment : Directeur de Cabinet du Secrétaire général Javier Perez de Cuellar ; Secrétaire Exécutif de la Commission Économique des Nations Unies pour l'Afrique ; et Secrétaire Général-Adjoint, Représentant Spécial du Secrétaire Général. Voici ses quatre vérités sur l'Afrique d'hier à demain :

1. L'Afrique, cette entité politique une et indivisible, à laquelle nous nous référons constamment, n'existe pas. Elle reste à construire, d'abord par les Africains eux-mêmes : ces femmes et ces hommes qui s'identifient avec elle, endossent son lourd et riche héritage et acceptent d'être responsables aussi bien à l'égard de son avenir que de son passé.
Une telle Afrique suppose un projet de société et une vision qui s'accommode mal de la dictature de l'urgence ; elle suppose une confiance en soi, aux peuples africains, à leur histoire et à leur culture.

2. L'indépendance n'est pas une fin en soi ; c'est un moyen de libération individuelle et collective non seulement du joug colonial mais aussi des abus des gouvernements : c'est en cela que la démocratie trouve tout son sens en Afrique.
3. L'avenir de l'Afrique n'est pas prédestiné : il sera ce que les Africains voudront qu'il soit. Il se nourrit d'actes posés aujourd'hui et dépend de leur capacité de réaction aux événements, les questions qu'ils suscitent et les réponses obtenues. Il passe par une démarche prospective, une prise en main de son propre destin et un examen préalable de sa situation et de son évolution possible. Une telle démarche nous enseigne que la roue de l'Histoire tourne sans cesse, avec elle, la bonne et la mauvaise fortune, de telle sorte que rien n'est jamais acquis ou perdu définitivement. C'est dire que pour l'Afrique, berceau de l'humanité, Terre de foi, de culture et de tant de créations éthiques et esthétiques, tous les espoirs sont permis. Il appartient aux Africaines et aux Africains de faire en sorte que l'avenir soit davantage voulu que subi.
4. D'hier à demain, l'Afrique passe inéluctablement par une refondation autour de valeurs communes en partage et d'un patrimoine historique et géographique revendiqué.

La clé d'un tel défi reste l'éducation.