Analyse le phénomène culturel et politique de la diaspora chinoise en France au sortir de la Première Guerre Mondiale, du rôle des activistes étudiants et ouvriers chinois dans des actions politiques en France, de la formation politique des futurs dirigeants du parti communiste chinois. ©Electre 2025

Les étudiants-ouvriers chinois en France 1919-1925

Emigration et politique ont partie liée : bien des exils sont nés de l'opposition ou de la persécution, invoquée par tant de migrants. L'aventure des étudiants-ouvriers des années 1920, jeunes Chinois accourus au lendemain de la grande guerre vers la patrie de Saint-Simon et de Victor Hugo, est toutefois plus singulière. Il est rare, en effet, qu'une émigration, sans être le produit de l'une ni de l'autre, s'inscrive pourtant de manière organique dans un projet politique, et plus rare encore qu'il s'y insère en vertu d'une nécessité définie tout à la fois comme pédagogique et morale. Singulière, l'étape le fut sans doute assez pour être structurante dans la carrière de nombre de ces jeunes gens, dont certains - Zhou Enlai ou Deng Xiaoping - par la suite très connus.

Et, dans tout cela, la France, lieu d'élection de ces migrants particuliers ? Le rendez-vous, comme le montrent les multiples traces de cet exil - archives diplomatiques, presse française et chinoise, récits et souvenirs des étudiants-ouvriers - fut dans une large mesure manqué. Non qu'aient failli les bonnes volontés, ni la mobilisation des réseaux les plus divers : mais les diasporas, et plus encore les diasporas politiques, créent et suivent leur géographie propre. Dans cette affaire où coexistent bricolages et arrière-pensées, bénévolat et haute finance, les projets comme les objectifs, de part et d'autres, ne coïncident qu'en apparence : tout est prêt alors pour que la désillusion, les craintes et les fantasmes, se déploient, masquant parfois le poids réel de cette expérience.

Il est rare qu'une émigration s'inscrive de manière organique dans un projet politique, et plus rare encore qu'il s'y insère en vertu d'une nécessité définie tout à la fois comme citoyenne, pédagogique et morale. C'est là la singularité de l'histoire des étudiants-ouvriers chinois en France dans les années 1920. L'étape fut sans doute structurante dans la carrière de nombre de ces jeunes gens, dont certains - Zhou Enlai ou Deng Xiaoping - par la suite très connus.