Sélection d'études déjà publiées par ailleurs destinées à des étudiants de philosophie. Réflexions générales et méthodologiques sur la pensée politique de Montesquieu. Notamment : Montesquieu et la crise de la rationalité historique (B. Binoche) ; La pensée constitutionnelle de Montesquieu (C. Eisenmann) ; Droit et moeurs chez Montesquieu (C. Larrère). ©Electre 2025

S'engager dans l'Esprit des lois constitue une gageure pour le lecteur contemporain. L'érudition prodigieuse de son auteur, qui sollicite des connaissances historiques et juridiques rarement possédées aujourd'hui, déconcerte; l'écriture fragmentaire, souvent ambiguë, presque toujours elliptique, désoriente. Ce recueil entend surtout restituer l'originalité d'une philosophie en mettant à la disposition des lecteurs une sélection d'articles déjà publiés. Trois principes orientent notre choix: il s'agit de rendre disponibles des articles importants et utiles à des étudiants en philosophie; d'accorder notre préférence à ceux qui sont difficilement accessibles; de fournir une palette étendue d'approches, tant du point de vue de la méthode adoptée que des thèmes abordés.

Ce dernier principe invite à multiplier les points de vue sur l'oeuvre, des réflexions générales sur la méthode aux éclairages plus particuliers: B. Binoche expose ainsi la méthode de rationalisation de l'histoire inventée par Montesquieu afin de sortir de la crise pyrrhonienne; F. Markovits saisit la philosophie expérimentale comme logique des singularités qui met au pluriel la mécanique et l'histoire; J.-P. Courtois étudie les différents modes de combinaison (intrication, transaction) de ces deux ordres que sont le physique et le moral; C. Larrère met à jour les rapports entre économie et politique, et articule les types de régulation du social (par les lois ou par les moeurs); Ch. Eisenmann analyse le célèbre chapitre consacré à la Constitution d'Angleterre en dégageant la portée du principe de distribution des pouvoirs; B. Manin, enfin, propose une critique de la vision straussienne et réinscrit Montesquieu, penseur de la modération, au sein des théoriciens de la pluralité en politique.