Un coup de coeur de Mollat
Quelle bonne idée ! Car la dernière livraison fera date, on le souhaite, dans le roman noir.
Derniers Verres, c'est son titre, dépeint avec brio un état du Queensland, capitale Brisbane, en pleine déliquescence morale. Cette Australie là n'est pas celle du surf et des kangourous, mais plutôt le dernier avatar de la politique d'éloignement des convicts de la belle Angleterre de sa Gracieuse Majesté.
La trajectoire de George Verney illustre à merveille le mauvais état du Queensland, rongé par la corruption provoquée par des lois ineptes comparables à celles de la Prohibition. Mais tout cela se passait 10 ans auparavant, quand George naviguait de restaurants (dont son ami Charlie est propriétaire, en partie...) en boites de nuit dans une éternelle brume éthylique. Puis viennent le cataclysme et la fuite provoqués par « la Grande Enquête », qui a mis fin à ce sombre âge d'or. Le système prend fin, les coupables sont punis et emprisonnés, mettant un terme à des amitiés nocturnes qui semblaient indéfectibles.
Depuis ce procès, George vit quasiment terré à Highwood, petite bourgade située à deux heures de route de Brisbane, reste totalement sobre, travaille pour la feuille de chou locale, hanté par le remords et la nostalgie.
Alors, quand Charlie réapparaît, certes assassiné, George se replonge à corps perdu dans le passé, pour retrouver des sensations oubliées, comme May, sa maîtresse, accessoirement mariée à Charlie, et l'alcool, qu'ils partageaient tous, allègrement, de nuit en nuit. Prétextant retrouver l'assassin de Charlie, George renoue alors avec tous ses vieux démons.