Un coup de coeur de Mollat
Dans une petite station balnéaire anglaise du début du siècle, un jeune garçon Cy Parks tient seul avec sa mère un hôtel à touristes où les mineurs phtisiques viennent profiter des bienfaits du grand air . Son père est mort en mer avant sa naissance et sa mère est une femme formidable qui se consacre à son prochain (elle pratique des avortements clandestins, milite pour le droit de vote des femmes). Ce sont les années de la Grande Guerre et les évènements tragiques alternent avec les aventures rocambolesques de l'enfance . C'est surtout la rencontre avec un personnage hors du commun qui va décider du destin de Cy . Cet homme, c'est Eliot Riley, un tatoueur professionnel, alcoolique et misanthrope, violent et obscène mais aussi capable de faire partager sa passion pour les génies de l'art( lors de cours très personnels) ou, l'espace d'un instant, transmettre sa connaissance profonde des êtres.
C'est à travers l'apprentissage du tatouage, ce langage intime et coloré, qui traduit une expérience et une identité en formes et en symboles, que Cy ira à la découverte de l'autre. Après la mort de Riley, il va tenter sa chance de l'autre côté de l'Atlantique, à Coney Island ; et c'est là, au royaume des monstres de foire, du cirque permanent et de la curiosité malsaine, que Cy va tomber amoureux de Grace, la mystérieuse écuyère sur qui il tatoue un motif à l'infini : un oeil ouvert, qui observe celui qui le regarde ou peut-être celui qui révèle ce que l'on voudrait cacher ; une manière troublante de dévoiler la beauté qui se cache dans la monstruosité et la part d'ombre de chacun d'entre nous.
Mêlant lyrisme et âpreté, violence et sensualité, le Michel-Ange électrique est aussi un roman bouleversant sur la douleur et la compassion, la solitude et le manque d'amour.