Etudes sociologiques sur les inégalités intergénérationnelles et intragénérationnelles, et sur les évolutions et persistances en la matière. ©Electre 2025

Revue française de sociologie

Numéro 54 - 4

Repenser les inégalités entre générations

À partir du milieu des années 1990, de nombreux travaux mettent en évidence les opportunités historiques rencontrées par les premières cohortes du baby-boom et soulignent par comparaison la situation dégradée à laquelle font face les générations suivantes : la thématique des inégalités entre générations occupe alors une place croissante dans la littérature sociologique. Près de deux décennies plus tard, ce numéro propose de faire le point sur l'actualité et la portée de l'analyse en termes d'inégalités intergénérationnelles. Pour « repenser » ces inégalités, trois directions ont été privilégiées. Élargir la focale temporelle, d'abord, pour actualiser les données et sortir de l'opposition entre deux générations. Explorer de nouvelles dimensions, au-delà du champ économique, ensuite, afin d'enrichir l'analyse de ces inégalités. Enfin, articuler les inégalités intergénérationnelles et les inégalités intragénérationnelles, afin de rendre compte de la complexité du processus de stratification sociale.

La comparaison entre la France et les États-Unis proposée par Louis Chauvel met en évidence l'intensité des inégalités entre générations en France : loin de disparaître avec le temps, ces dernières impriment leur marque sur l'ensemble de la trajectoire des cohortes. L'article de Sibylle Gollac s'attache à identifier les règles d'attribution dans la transmission du patrimoine familial sur plusieurs générations, et souligne la prégnance d'un double ordre, de rang et de sexe, au sein même de la fratrie. Vincent Tiberj investit le champ des attitudes politiques et démontre l'impact du renouvellement générationnel sur les dynamiques à l'oeuvre dans le champ politique. Enfin, Annalisa Lendaro retrace les parcours d'intégration sociale de deux générations successives d'immigrés, et met en évidence le durcissement relatif des conditions de stabilisation des migrants entre les années 1980 et 2000.