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Un coup de coeur de Bélinda B
Un texte très riche, roman de mœurs ayant pour décors les îles grecques au tournant du XXe siècle.
Yannou, vieille femme qui veille sa petite-fille tout juste née et malade, est un personnage complexe, il est impossible de ne pas être troublée par cette femme, qui commence à penser que les petites-filles feraient mieux de ne pas vivre, de ne pas naître. En effet, en revenant sur sa dure existence, passée à servir ses parents, puis son mari et ses enfants, et enfin ses petits-enfants, elle n'a jamais connu le repos, elle a voué son existence à celle des autres. Le personnage est au début assez malicieux, Yannou nous raconte comment elle a appris, jeune, à voler de l'argent à ses parents (en suivant l'exemple de sa mère, qui est une figure assez dure mais aussi l'exemple d'une forme de liberté pour sa fille), puis à son mari, avant qu'il ne dépense tout en alcool : bien que n'ayant aucun pouvoir, contrôle, ou indépendance, les femmes se retrouvent à tout gérer dans la maison, le couple et la famille. Elle évoque finalement avec de plus en plus d'aigreur, le problème que représentent les filles, qu'il faut marier, et à qui il faut trouver une dot. "Bénie soit-elle" s'exclame-t-elle à propos de sa fille non mariée. On trouve donc une fine observation de la condition féminine, analyse qui est aussi liée par Papadiamantis à une observation des rapports de classe, puisqu'être une femme de famille pauvre est bien différent qu'être une femme de bonne famille.
Quand elle tue (pour la première fois) sa petite-fille, elle se dit qu'elle a perdu la tête : mais bien au contraire toute la réflexion qui l'habite et que nous suivons de près montre bien que ses actes sont motivés par une raison, sont réfléchis. Elle oscille entre déchirement et soulagement, persuadée d'être en mission pour dieu.