Souvent présentée comme riche de promesses d'une société plus transparente, démocratisant la culture et le politique, la société de communication fait ici l'objet d'une lecture ancrée dans une sociologie historique et politique, avec le parti pris d'une analyse critique des mythologies sociales issues des années 1970. Constitue une synthèse des débats et enjeux liés à la société de communication. ©Electre 2025

Une société de communication ?

Vivre dans un monde régi par le changement incessant d'une modernité précaire et « liquide » (Bauman), invite à chercher un sens aux évolutions qui bousculent le quotidien. Pour beaucoup d'oracles ou d'interprètes du présent le XXI^e siècle sera celui de la « Société de Communication », parfois aussi labellisée « de l'information » ou « des savoirs ». Parrainé par Internet et le rôle des médias, consacré par la centralité de l'opinion publique, une éthique communicationnelle de l'intercompréhension, ce monde de communication pourrait être notre futur immédiat.

Cette « société de communication » fait l'objet de discours contradictoires. Elle est le plus souvent présentée comme riche des promesses d'une société plus transparente, démocratisant la culture et le politique, connectant la planète, facilitant l'autonomie des agents sociaux. En d'autres cas elle est associée aux périls d'un contrôle social digne du « 1984 » d'Orwell ou du despotisme doux redouté par Tocqueville.

En s'employant à conjuguer une grille de lecture ancrée dans une sociologie historique et politique et le parti pris d'analyse critique des mythologies sociales issu des années soixante-dix, cet ouvrage invite à explorer l'imaginaire contemporain.

De quels héritages et oeuvres intellectuelles est issu le thème de la société de communication ? Que recouvre cette expression d'un nouveau sens commun ? Quels déterminants objectifs, liés à l'économie, à l'évolution de la morphologie sociale et des métiers donnent consistance à cette nouvelle vision de nos sociétés ? En quoi cette représentation de la modernité ne peut-elle se comprendre que par un détour par le « temps long » historique de la formation des États contemporains ? Les réponses à ces questions empruntent un cadre d'analyse pluridisciplinaire et offrent une analyse décapante d'une des grandes mythologies sociales d'une époque qui serait libérée des idéologies.