Le vieillissement d'une majeure partie de la population active est-il un frein aux changements technologiques et organisationnels dans les entreprises ? N. Raoult examine le phénomène à partir du cas du vieillissement des agents de la Sécurité sociale, dont les compétences pour assumer un changement organisationnel avaient été remises en cause. ©Electre 2025

Changements et expériences, expérience des changements

Dans un contexte où les impacts du baby boom sont de plus en plus évoqués, où les diagnostics démographiques se développent interrogeant ainsi les stratégies de gestion des Ressources Humaines dans les entreprises, la préoccupation des effets du vieillissement prend un relief différent, interpellant sur la nécessité d'une gestion plus anticipée et d'une meilleure connaissance des effets du vieillissement. Les politiques de l'emploi précédentes ont exclusivement favorisé une gestion par l'âge et non pas de l'ensemble des âges. Ainsi, ont été exclus progressivement depuis une trentaine d'années, les plus âgés. Cet état de fait a eu pour conséquence de déplacer la perception des seuils où l'on devient vieux dans et pour l'entreprise. Le maintien dans l'emploi dans ces conditions devient chose difficile et même absurde. Le vieillissement reste toujours plutôt vu comme un processus de déclin plus que de développement, d'autant que les changements dans les entreprises s'accélérant, les salariés âgés sont jugés a priori comme moins adaptables et motivés pour y participer.

Les entreprises sont lancées dans une course effrénée aux changements de tous ordres et particulièrement le secteur que nous avons observé. Sans modèle pré établi, sinon celui de l'entreprise privée exposée à la concurrence, la Sécurité sociale est soumise à des modifications de ses orientations et des méthodes afin de rendre un meilleur service à ses usagers. L'interrogation relative au rééquilibrage de la pyramide des âges pose la question de la durée de la carrière, mais met aussi en cause la qualité des agents à participer à la modernisation technologique d'abord et organisationnelle ensuite, du fait de leur seul âge. Les modes de gestion adoptés, toujours dans l'urgence, font appel aux références diffusées largement dans les cercles du management : réduction des effectifs, juste à temps, automatisation. Par ailleurs, la recherche d'une plus grande performance, cause ou justification d'une exclusion des plus âgés, est toujours évoquée.