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Historien et conseiller technique au cabinet du secrétaire d'Etat à la Mer de 1991 à 1992, F. Chappé (1947-2007) a condensé dans cet ouvrage inachevé ses réflexions d'historien et d'observateur des pratiques patrimoniales de la France du dernier quart de siècle. L'intrusion patrimoniale s'insère dans le rapport chaotique que les sociétés humaines entretiennent aujourd'hui avec le passé. ©Electre 2025
Tout d'un coup, le patrimoine a tout envahi, qu'il s'agisse de la notion ou de l'objet. La notion, puisqu'on parle de patrimoine maritime, immatériel, naturel, génétique, etc. ; l'objet, puisque l'église et le château n'ont plus la cote, remplacés par la petite cuiller, dont parlait déjà André Malraux, le fléau à battre le blé, le moulin à tan, le vieux gréement, et bien d'autres articles d'un quotidien aujourd'hui disparu. Mais cette intrusion patrimoniale dans la société française ne fut ni spontanée, ni soudaine. En outre, elle ne date pas d'hier. Elle s'insère dans le rapport chaotique que la France et, plus généralement, les sociétés humaines entretiennent, de nos jours, avec le passé. Elle débouche donc sur le besoin d'histoire, souvent signalé dans notre pays, et sur une autre irruption, plus embarrassante encore : celle de la mémoire et, derrière elle, de l'identité.
L'activité patrimoniale est-elle de même nature que l'activité historienne, se demande François Chappé ? L'une serait-elle subjective, quand l'autre se pare des vertus de l'objectivité ? Rien n'est moins simple, répond-il. Tout dépend, en fait, du traitement que l'on fait subir aux traces du passé, et de l'usage que l'on assigne à la mémoire. Le discours historique diffère peu de la monstration patrimoniale, au fond, pour peu que l'historien, le conservateur du patrimoine, ou même le militant, le politique, s'assignent un objectif de vérité et soient conscients, chacun dans son domaine, des contraintes idéologiques qui pèsent, c'est inévitable, sur leurs choix et sur ceux du public. En somme, l'objectivité étant aussi inaccessible que l'humanisme est nécessaire, toute réflexion sur le passé devrait reposer sur une éthique, véritable idéal universaliste, dont l'auteur définit les contours, les limites, les ressources, et dont il explique qu'elle est le meilleur attribut du citoyen. Des choix que nous faisons, dit-il, dépendent la compréhension des sociétés par elles-mêmes - donc, la possible neutralisation des dérives nationaliste, autoritaire, populiste -, et le partage des cultures, sans lequel il n'est pas de société démocratique moderne.
Paru le : 28/10/2010
Thématique : Sociologie de la culture
Auteur(s) : Auteur : François Chappé
Éditeur(s) :
Presses universitaires de Rennes
Collection(s) : Art & société
Contributeur(s) : Préfacier : Alain Cabantous - Editeur scientifique (ou intellectuel) : Jacques Andrieux - Editeur scientifique (ou intellectuel) : André Lespagnol - Editeur scientifique (ou intellectuel) : Joseph Rio
Série(s) : Non précisé.
ISBN : 978-2-7535-1132-3
EAN13 : 9782753511323
Reliure : Broché
Pages : 424
Hauteur: 25.0 cm / Largeur 18.0 cm
Épaisseur: 2.2 cm
Poids: 1092 g