Un coup de coeur de Anthony G.
Par une plume claire et concise, ce dernier démontre en effet avec brio toute la déraison touristique consistant à aller chercher à l'autre bout du monde ce qu'on ne trouve pas autour de chez soi (ou en soi). En transformant le voyage en industrie, le tourisme mondialisé a transformé le voyageur en consommateur. Ainsi « le touriste nourrit l’espoir confus de trouver ailleurs ce qui lui manque chez lui (...) mais par sa présence même, il détruit ce qu’il est venu chercher. »
En dépit des apparences, cette critique de l'industrie touristique ne culpabilise pas tant le voyageur que le système qui le formate. Sous l'emprise d'un puissant imaginaire et soumis à un impératif mobilitaire, le salarié fatigué ne perçoit d'autre choix que de se mettre en scène sur son temps de loisir.
Que faire alors ? Quelles alternatives ? Rodolphe Christin ne tombe pas dans la facilité de la solution miracle en guise de conclusion mais en appelle tout de même à la curiosité du lecteur. Avoir le souci des lieux, être attentif à son environnement quotidien et voyager autour de chez soi pourraient ainsi constituer une sorte de nouvelle avant-garde faisant écho à la prémodernité du grand-père de l'auteur s'exprimant ainsi : « Qu'irais-je faire ailleurs alors que je ne connais pas tous les cailloux de ma commune ? »
Véritable pépite, L'usure du monde est un essai bref, quelque peu provocateur mais lumineux, qui vous donnera à minima matière à penser et discuter !