Les mutations vécues par la paysannerie thaïlandaise sont ici appréhendées au travers d'une approche pluridisciplinaire portant sur deux villages de la région la moins fertile du pays. Alliant ethnographie et enquêtes comptables, ce livre expérimente une méthodologie intégrant la gestion du milieu, les pratiques culturales, les conceptions religieuses, les formes d'organisations sociales. ©Electre 2025

Les années 1960-1980 furent celles du "décollage" de l'économie thaïlandaise avec de profondes mutations du monde rural. L'impact des politiques de développement mises en oeuvre aux niveau régional et national a été étudié dans deux villages, à quinze ans d'intervalle, par des ethnologues, des ethnolinguistes, des sociologues, des historiens, des géographes français et thaïlandais.

Les années 1960-1980 furent celles du "décollage" de l'économie thaîlandaise avec, à la clef, des mutations de grande ampleur vécues par la paysannerie locale. Ces mutations sont appréhendées ici au travers d'une approche pluridisciplinaire portant sur Ban Amphawan et Ban Han, deux villages de la région la moins fertile du pays : le Nord-Est. Choisis sur la base d'un certain nombre de critères de différenciation tels que le degré de cohésion sociale, la distance par rapport aux grands centres urbains et la pratique de la riziculture irriguée ou pluviale, ces deux villages présentaient aussi l'intérêt d'avoir déjà fait l'objet d'une étude socio-économique très détaillée à la fin des années 1960. Le réexamen de leur situation à quinze ans d'intervalle permettait donc d'évaluer l'impact, sur leurs institutions et sur leurs systèmes d'activité, des politiques de développement mises en oeuvre aux niveaux régional ou national.

Alliant ethnographie et enquêtes comptables au service d'une comparaison tour à tour synchronique et diachronique des divers aspects de la vie des deux villages, ce livre expérimente une méthodologie très élaborée qui intéressera les ruralistes soucieux de restituer, sur un mode dynamique et intégré, la gestion du milieu, les pratiques culturales, les conceptions religieuses, les formes d'organisation sociale, les structures spatiotemporelles et les systèmes économiques des sociétés agraires. Ban Amphawan et Ban Han dégage aussi les limites ou effets pervers des politiques de développement rural conduites sur place et montre que la paysannerie locale est capable d'apporter des réponses originales aux modèles de production ou de consommation standardisés émanant de l'extérieur.

Première étude de cas publiée en langue française sur le Nord-Est thaïlandais, Ban Amphawan et Ban Han est le fruit d'une recherche en coopération qui associa entre 1982 et 1986 l'Institute of Language and Culture for Rural Development de l'université Mahidol (Bangkok) et le Cedrasemi, relayé à partir de 1984 par l'Equipe de recherche sur l'Asie du Sud-Est Continentale (CNRS-Paris). Onze chercheurs thaïlandais et français conjuguèrent ainsi sur le terrain, entre 1984 et 1986, les méthodes de l'ethnologie, de l'ethnolinguistique, de la sociologie, de l'histoire et de la géographie humaine.