Questionne le rapport qu'un enfant placé peut entretenir avec l'événement-séparation à l'origine de son placement et qu'il vit fréquemment comme une sanction dont il s'estime responsable. La pratique des histoires de vie - à travers l'exemple de deux enfants - met en jeu un aspect central de la construction identitaire. ©Electre 2025

«Cet ouvrage questionne le rapport qu'un enfant placé peut entretenir avec l'événement-séparation à l'origine de son placement et qu'il vit fréquemment comme une sanction dont il s'estime responsable.

Le plus souvent, les enfants placés, qui sont dé-placés pour être re-placés, ne comprennent rien au déroulement de leur vie et se trouve en perte de repères affectifs et temporels. Ces enfants n'expriment pas une demande de soin au sens habituel du terme, mais plutôt une demande de compréhension de leurs préoccupations essentielles. A cette fin, l'approche histoire de vie est utilisée auprès d'enfants placés comme outil d'historicité, de mise en question de leur histoire, pour en construire, avec eux, le sens et le cours. Cette démarche vise à favoriser un travail de recherche et de construction de sens à partir de faits temporels, personnels et familiaux. La mise en œuvre de ce processus permet à ces enfants d'interroger "ce que leur contexte de vie a fait d'eux" en s'appuyant sur une situation de co-investissement dialectique entre locuteur et interlocuteur ouvrant à un dispositif méthodologique de construction-déconstruction-reconstruction de sens.

Deux enfants, Maxence et Wolf, par le récit qu'ils ont produit, affrontent les contradictions qui ont traversé leur vie et tentent de leur donner sens par les articulations qu'ils sont arrivés à construire entre les événements et les personnes qui faisaient partie de leur vie. Ils ont ainsi pu réaliser qu'ils ne sont pas responsables de la séparation de leurs parents, en grande partie induite par les difficultés personnelles, familiales ou sociales de ceux-ci.

La pratique des histoires de vie auprès d'enfants placés met ici en jeu un aspect central de la construction identitaire. Celle-ci s'élabore en effet à partir du rapport que ces enfants entretiennent avec la dimension psychique et sociale de leur existence. Par le récit de leur vie et le questionnement de ces articulations, Maxence et Wolf sont parvenus à "sortir d'eux-mêmes" pour interroger leur environnement familial et social, et c'est en tant "qu'autre" qu'ils y sont revenus. Ce voyage de soi à l'autre et de l'autre à soi ouvre alors un espace de transformation, non seulement du rapport de ces deux enfants placés à l'événement-séparation qui a bouleversé leur vie, mais également à eux-mêmes par la prise en compte de l'altérité. Il leur permet de retrouver leur parole perdue, mais aussi une certaine estime d'eux-mêmes en tant qu'êtres singuliers et uniques. C'est le "voyage" de ces deux enfants que ce livre nous propose de suivre.»

Christophe Niewiadomski