Etudie la part prise par les proches du suicidant dans sa décision de mort volontaire (leur aide apportée, les limites de leur solidarité avec le suicidant...). Montre que le premier enjeu de cet accompagnement est de donner une représentation désirable de la mort et qu'il nécessite un véritable travail des participants (mise en scène, travail de deuil, porter la décision de mourir...). ©Electre 2025

Forme voilée d'euthanasie pour les uns, droit à l'autodétermination de son existence pour les autres, l'assistance au suicide soulève en effet de nombreux débats socio-politiques. Mais, plutôt que d'en examiner les enjeux sociétaux ou de se perdre dans les considérations socio-morales qu'elle véhicule, le présent ouvrage s'attache à comprendre la part que prennent les proches du suicidant dans cette forme particulière de mort volontaire. Quelle aide apportent-ils ? Jusqu'où se solidarisent-ils avec celui/celle qui a choisi cette mort annoncée ? Comment sont-ils complices ou, au contraire, victimes consentantes ? Jusqu'à quand l'image de la « belle » mort, voulue et fixée délibérément, maintient-elle la capacité à faire lien avec la décision ? Quelle part l'annonce et la programmation jouent-elles dans l'adhésion à un choix auquel ils n'ont pas été conviés ? Jusqu'où la loyauté envers cette décision de départ volontaire les contraint-elle ?

Dans ce qui s'apparente à une carrière d'accompagnement, le premier enjeu semble bien être le fait que la mort puisse être représentée comme désirable. Cette banalisation de l'innommable est en fait un véritable travail auquel participent les proches, parfois, au début du moins, à leur corps défendant. De la réussite de leur adhésion à cette mort programmée dépend l'avènement du second moment, celui de la mise en scène de cette dernière dans laquelle ils jouent un rôle central, à la fois acteurs et spectateurs. Car pour que cette mort voulue et préparée prenne toute sa force et donc soit et reste véritablement une forme de sérénité dans l'instant en même temps que pour l'éternité, il faut en effet qu'elle soit minutieusement jouée en une communion solennelle entre partant et restants. Mais, une fois le mourir achevé subsiste la mort. Ce qui, il y a peu, était une plénitude partagée devient alors un pathos indivis. Non seulement l'absence surgit et, avec, le travail du deuil, mais aussi le fer de la loyauté fouit la vie quotidienne des proches. Il leur faut endosser la décision de l'autre à partir ainsi, la porter et/ou la colporter.