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Cette étude consacrée aux larmes dans les Confessions montre leur insistante présence qui révèle une poétique ancrée dans la rhétorique. La propension aux pleurs de saint Augustin est analysée comme le signe d'un tempérament ardent, un caractère inquiet emporté par ses passions, mais toujours en quête d'une paix intérieure. Analyse d'une poétique, d'une éthique et d'une psychologie des larmes. ©Electre 2025
Les larmes ne cessent de ruisseler dans les Confessions ; leur présence insistante, rythmant le parcours de saint Augustin, est le signe d'une poétique ancrée dans la rhétorique : né d'une vive émotion, le récit doit susciter une vive émotion. La propension aux pleurs témoigne de l'ardent tempérament d'Augustin : toujours inquiet, emporté par ses passions, il ne cesse de lutter contre elles, qui luttent entre elles, à la recherche de la paix intérieure.
Il évoque le «torrent de larmes», les «fleuves de pleurs» qui inondent son visage chaque fois qu'il ressent une forte émotion : il pleure de douleur en se remémorant ses péchés ou à l'occasion d'un deuil, mais il pleure aussi de bonheur lors des fêtes solennelles de l'Église, où «la joie provoque des larmes», ou lorsque la conversion met une âme sur le chemin du salut. Les larmes posent cependant une épineuse «question» au psychologue, quand il observe qu'elles peuvent charmer un coeur tourmenté : comment comprendre la singulière douceur qu'apporte l'amertume des pleurs ?
Lorsque le spectateur aime souffrir à la vue des scènes tragiques qui font couler ses larmes, lorsque «la douleur est en elle-même son plaisir», n'y a-t-il point là quelque jouissance perverse ? Assurément, mais s'il est de mauvaises larmes, il en est de bonnes : le souvenir de Monique, sa mère, s'accompagne toujours de l'évocation émue des pleurs maternels, dont chaque jour pour lui elle arrosait la terre sous le regard de Dieu ; Augustin est le fils de ces larmes qui l'ont enfanté deux fois, lui donnant d'abord le jour, puis la «vive Vie» dans la foi. Les Confessions offrent une poétique, une éthique et une psychologie des larmes. Augustin assure dans les Soliloques que «l'amour est impatient», et qu'il ne saurait mettre fin à ses larmes avant de posséder ce qu'il aime : c'est cet impatient amour qui anime son écriture ardente.
Paru le : 17/11/2011
Thématique : Essais sur littérature antique et Moyen-âge
Auteur(s) : Auteur : Gisèle Mathieu-Castellani
Éditeur(s) :
Cerf
Collection(s) : Epiphanie
Série(s) : Non précisé.
ISBN : 978-2-204-09594-5
EAN13 : 9782204095945
Reliure : Broché
Pages : 174
Hauteur: 20.0 cm / Largeur 14.0 cm
Épaisseur: 1.2 cm
Poids: 203 g