Cette revue trimestrielle a pour vocation d'offrir un espace d'écriture et de parole aux femmes méditerranéennes qui y publient textes, poèmes et dessins. Ce numéro est une réponse à la thématique de la poésie, école de révolte. ©Electre 2025

Poètes vos papiers ! "écrivait il y a vingt ans Léo Ferré. Si Jean Sénac avait croisé son chemin, il aurait souri. Et Mahmoud Darwich donc !" Poètes vos papiers ! "S'il y a bien un diplôme qu'on ne vous décerne dans aucune université, c'est celui-là. Profession ? Poète... vous voulez rire ? L'ange Heurtebise de Cocteau lui, l'avait compris, qui enjambait la paroi liquide des miroirs pour n'avoir aucun compte à rendre de ce côté-ci. Mais nous qui ne sommes pas des anges, c'est de ce côté-ci que nous écrivons justement. On ne nous a rien demandé, nous le savons mais nous le faisons quand même par pure tentation d'ivresse et d'utopie. Et la révolte me direz-vous ? On y vient, voyez plutôt.

Oui, nous écrivons de ce côté-ci de l'horreur et de la haine, de ce côté-ci des soleils qu'on fait éclater dans les têtes, de ce côté-ci des caves, des parkings, des poubelles et des escaliers d'un monde à moitié mort et nous écrivons avec la joie farouche des apprentis coloristes dans les ateliers des ingénieurs d'encre. Ce que nous tentons de faire avec le texte de Valérie Meynadier dédié à une femme de Palestine, rendant hommage à un peuple qui vient de perdre l'homme qui l'a guidé durant cinquante ans vers sa dignité et sa liberté, ou bien avec celui de Tema Bey citant Aragon "Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange" et Tahar Djaout, c'est d'ouvrir au fil de ce numéro très rebelle des Etoiles un espace à l'envie de s'insoumettre par l'imaginaire.

C'est pourquoi du livre de Nora Hamdi Des poupées et des anges avec sa langue très moderne et très banlieue aussi dans sa musique aux accents populaires, aux poèmes des squatts de Brigitte Lagoutte dont les encres et les dessins illustrent ces pages, il y a une correspondance qui ne nous a pas échappée et que nous aimerions vous faire partager. Poésie et révolte sont là aujourd'hui en bordure de notre quotidien, comme une marge qui déborde de plus en plus sur l'asphalte goudronné de nos sociétés impeccables et le maquillent avec des bombes aérosol de couleurs qui tiendront bon.