Sam Millar, catholique avec du sang protestant (un mélange explosif, on le croit volontiers) nous conte sa propre histoire, d'autant plus incroyable que parfaitement vraie : selon les Américains « Hollywood n'aurait pu faire mieux », bien que sa vie n'ait rien d'hollywoodien… Nationaliste républicain au sein de l'IRA en Irlande du Nord au début des années 1970, son caractère d'opposant farouche aux « Beefs » (terme méprisant désignant les occupants anglais) lui vaut à 17 ans, avec nombre de ses pairs, une lourde condamnation de détenus politiques à la prison de Long Kesh. Leur « Rébellion » jusqu'au sein du « H Blocks » se traduit par leurs fréquentes grèves de la faim, leur refus de porter l'uniforme réglementaire et de travailler. Les matons les répriment avec force tortures, privations et ignominies en tous genres, heureusement contrebalancées par l'esprit d'endurance de Sam et sa capacité d'évasion grâce à un sens de l'honneur et de l'humour salutaires face à l'horreur. Noyau dur d'une résistance qui ne faillit pas, Sam et cinq derniers insoumis prévoient l'évasion de la forteresse de Thatcher avant d'être réprimés puis finalement libérés après huit années d'enfer. On le retrouve à New York, marié et père de quatre enfants, menant l'existence a priori fort rangée de libraire de BD. La couverture est là encore parfaite : chef des caisses pour des casinos clandestins, il se fait recruter par un ami retraité de la police et ancien chef de sécurité à la banque de dépôt la plus ancienne pour organiser ce qui se révèlera en 1993 le « casse parfait » de la Brinks, célèbre dans l'histoire du braquage aux États-Unis. En possession de huit millions de dollars plutôt encombrants, Sam et ses complices devront jouer serré pour échapper à la traque et au piège tendu par les flics, le FBI et la justice. L'aide précieuse du « Père Pat » que ne renierait pas un autre fameux Irlandais, Ken Bruen, permettra-t-elle à la lutte de Sam de connaître une issue à la hauteur de son destin d'invincible ? « L'indomptable cœur de l'Irlande » (Yeats, poète compatriote cité par Sam Millar) résume les mémoires de ce révolutionnaire malfaiteur devenu un écrivain au style quelquefois nerveux, d'autres fois plus décalé (ah, l'humour noir irlandais !) voire philosophique et poétique dans ses références. Il nous livre ici un témoignage aussi haletant que ses fictions puisqu'en même temps que On the brinks, paraît dans un format poche son premier roman policier traduit Poussière tu seras (collection Points).