Des années 1920 aux années 1940, les limites entre le réel et le délire sont brouillées dans le roman européen. Les oeuvres de Canetti, de Cendrars, de Hesse et de Woolf mettent en scène des personnages se dérobant aux lectures médicales de l'époque. Les délirants incarnent une crise de civilisation, illustrant des processus à l'oeuvre dans les totalitarismes en voie de s'imposer. ©Electre 2025
Entre les années 1920 et les années 1940, le motif du délire joue un rôle déterminant dans la transformation du genre romanesque en Europe, comme en témoignent notamment les oeuvres d'Elias Canetti, de Louis-Ferdinand Céline, de Blaise Cendrars, d'Alfred Döblin, de Hermann Hesse, de James Joyce et de Virginia Woolf : les limites entre le réel et le délire y sont brouillées comme jamais auparavant dans l'histoire du roman. Si cette transformation est liée à la révolution du champ de la psychopathologie qui bouleverse l'époque, le délire romanesque se dérobe aux lectures médicales : composé d'éléments hétérogènes, parfois incompatibles, il échappe à toute psychologie, et ouvre à une représentation des troubles de l'époque. Tantôt victimes d'une violence que la société de leur temps s'emploie à refouler, tantôt dangereux «égocrates» en puissance, les délirants incarnent une crise de la civilisation occidentale et illustrent des processus que l'on retrouve à l'oeuvre dans les totalitarismes, en train de s'imposer. Introduisant une brèche dans la frontière entre fiction et réalité, le délire romanesque devient un espace politique où le roman s'interroge sur ses propres pouvoirs et pense la situation historique dans laquelle il naît.
Paru le : 29/04/2016
Thématique : Essais et théories - Dictionnaire
Auteur(s) : Auteur : Alexandre Seurat
Éditeur(s) :
H. Champion
Collection(s) : Histoire culturelle de l'Europe
Série(s) : Non précisé.
ISBN : 978-2-7453-2990-5
EAN13 : 9782745329905
Reliure : Broché
Pages : 447
Hauteur: 22.0 cm / Largeur 16.0 cm
Poids: 700 g
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