Un recueil de trois pièces de théâtre. La première évoque la relation de Hans Bellmer avec Unica Zürn, sa muse. La deuxième met en scène l'affrontement entre Antoine Fouquier-Tinville et Charlotte Corday lors de son procès. La troisième est un monologue inspiré par Edgar Allan Poe dans lequel un jeune étudiant provoqué en duel remplace les passes d'armes par un combat spirituel. ©Electre 2025

Lamenti (Unica Zürn/Hans Bellmer)

Unica Zürn est une artiste et auteure allemande (Sombre Printemps, L'Homme-Jasmin). Dépressive, elle fut internée à de nombreuses reprises et s'est suicidée en se jetant par la fenêtre de son appartement parisien le 19 octobre 1970. Hans Bellmer est un peintre surréaliste allemand, surtout connu pour La Poupée. Ses biographes s'accordent à dire qu'Unica était pour lui l'incarnation vivante de son oeuvre. Leur parole est celle de deux étrangers dans la Ville Lumière, lestés de lourdes valises, hantés par le souvenir de leur adolescence au pays des nazis. Il n'y a qu'une issue possible : l'anéantissement de soi, mais aussi l'envol vers un ailleurs forcément meilleur.

Le Procès de Charlotte Corday

Le 13 Juillet 1793, Charlotte Corday assassinait Marat à son domicile parisien. La jeune femme était venue de son Calvados natal perpétrer cet acte, signant l'entrée de la Révolution française dans la «terreur». La pièce met en scène Fouquier-Tinville et Charlotte, lors de son procès, avant la guillotine. Deux caractères s'affrontent : un accusateur public inflexible et une héroïne tragique. De quel côté se situe le fanatisme ? Si guerre des nerfs il y a, elle sert à alimenter une machine inexorable de meurtres, légitimée par l'intérêt supérieur de la nation.

Von Jung (Le Double d'Edgar Poe)

Ce monologue s'inspire de la vie et de l'oeuvre d'Edgar Allan Poe, et d'une de ses nouvelles, «Mystification». En 1825, pour une dette d'honneur, Von Jung a été provoqué en duel. Plutôt que d'engager le fer, le jeune étudiant de l'université de Charlottesville (Virginie) emmène Hans Hermann, son adversaire, sur le terrain de la littérature. Ce combat spirituel vaut à Von Jung d'esquiver chaque passe d'arme. La faculté imaginative est, jusqu'à l'assaut final, mortelle.