Quand son fils Ange part étudier en Angleterre, Juliette se retrouve seule. Elle s'investit alors dans son métier de bibliothécaire qui la passionne. Un enchaînement d'événements la conduit à vivre en colocation avec une étrange jeune femme de 20 ans et, lorsqu'une association investit le phare abandonné de la commune pour en faire un lieu d'accueil, elle devient une figure majeure du projet. ©Electre 2025

Alors que son fils chéri quitte le foyer pour aller étudier en Angleterre, Juliette doit composer avec son célibat, son humeur morose et sa ménopause. Passionnée par son métier de bibliothécaire, elle s'y investit de plus belle, elle qui est si impliquée dans la vie de son petit village de la baie de Somme. Mais en quelques jours, plusieurs événements se précipitent, et font de sa vie une épopée. Sur un quiproquo, Juliette se retrouve en coloc avec une curieuse jeune femme de vingt ans qui vit dans un van rose fluo. Une association écolo décide d'investir le phare abandonné de la ville pour en faire un espace de vie et de partage. Un véritable projet de tiers-lieu émerge, dont Juliette devient bientôt l'une des figures majeures. Rien de tout cela ne s'est vraiment fait de son plein gré, mais comme elle s'en rend très vite compte, elle aime participer à ces élans, à ces mouvements - elle a de la valeur, même si sa vingtaine est loin. Il semblerait qu'elle puisse y trouver du bonheur, de nouveaux éclats d'amour à cultiver, voire une infinité de raisons de vivre encore, mieux que jamais. Et si ses cinquante ans étaient un commencement ?

« - Tu les as vus, toi ?

- Qui ça ?

- Les squatteurs, chuchote-t-il d'un air de conspirateur.

Heing ? J'ai la sensation d'avoir loupé une marche.

- Les quoi ?

- Oh, dis, Juliette, t'es pas au courant ? Tout le monde parle que de ça depuis ce matin ! [...] Paraît que tous les volets de la Maison-fantôme sont ouverts, me susurre-t-il, et qu'il y a du remue-ménage là-bas.

Il se régale de mon ignorance.

- C'est peut-être le vent, je hasarde. [...]

La Maison-fantôme, c'est le nom que les habitants ont donné à l'ancien phare et sa maison de gardien, tous deux abandonnés, qui dominent le bout de la digue des Pêcheurs, où se trouve aussi La Criée. Des générations d'adolescents s'y sont fait peur le soir, à chasser les fantômes des marins morts en mer.

- Le vent ? Où t'as vu du vent, toi ? Y a pas un souffle avec cette chaleur ! La mer est aussi plate que les fesses de ma femme ! Mais non, y a des gens dedans, je te dis ! Des étrangers. »