Oeuvre de cette poétesse contemporaine de Marot et de Scève, qui fut publiée, un mois après sa mort, par Antoine du Moulin. L'intérêt des Rymes ne se borne pas aux amours de la jeune femme et de Maurice Scève, le lecteur découvrira une voix indépendante qui remet en question les doctrines amoureuses de son temps. ©Electre 2025

Pernette du Guillet (-1520-1545) est l'une des rares poétesses contemporaines de Marot et de Scève dont l'oeuvre nous soit parvenue, grâce à Antoine du Moulin qui publiait ses Rymes à peine un mois après sa mort. Mais si la légende de du Guillet - elle aurait été l'élève, la muse et peut-être aussi la Délie de Maurice Scève - est connue du public, ces «petites, & louables jeunesses siennes» que sont les Rymes, pour être aujourd'hui «en grande admiration leues de tous», demandent à être expliquées et situées dans les courants poétiques de l'époque. C'est ce à quoi s'attache la présente édition dont le commentaire porte sur la langue et la poétique, en insistant en particulier sur la notion de «responsif» qui constitue une des principales clés pour la compréhension du recueil.

L'intérêt des Rymes ne se borne pas aux amours de la jeune femme et de Maurice Scève. Au-delà du «petit amas» d'épigrammes laissé en «povre ordre», on entrevoit une oeuvre à part entière, neuve et originale, que la mort trop tôt venue de la poétesse n'a pas permis de mener à terme. C'est l'hypothèse qui sous-tend notre commentaire, en prenant appui sur les travaux les plus récents.

Nous ne détruisons pas la légende selon laquelle Pernette du Guillet fut la mystérieuse Délie adorée par Scève. Certaines parties des Rymes témoignent assez de la passion qu'elle éprouvait. Mais, en abordant le recueil comme un ensemble, le lecteur découvrira une voix indépendante qui remet en question les doctrines amoureuses de son temps et en «répondant» avec grâce et humour à ceux qui en parlaient d'autorité. D'une pièce à l'autre, une conception originale de l'amour se tisse, entrelaçant courtoisie, néo-platonisme et pétrarquisme. L'histoire d'amour - réelle ou fictive, qu'importe? - reste sans conteste l'élément le plus attachant de cette charmante tapisserie, mais c'est davantage par son habileté technique et par sa conception originale du «service amoureux» que Pernette du Guillet peut aujourd'hui prendre place comme un auteur à part entière dans l'histoire littéraire de la Renaissance française.