Recueil de 172 lettres échangées en français entre deux épigraphistes du XXe siècle. D. Dana replace dans leur contexte ces témoignages sur les pratiques de la sociabilité savante, les milieux intellectuels et les transformations institutionnelles dans le domaine de l'épigraphie grecque. Cet échange épistolaire apporte également un éclairage sur l'atmosphère politique en Roumanie. ©Electre 2025

Cet ouvrage fournit l'édition de l'abondante correspondance, quasi complète, échangée en français entre deux épigraphistes majeurs du XX^e siècle, le Français Louis Robert (1904-1985, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres depuis 1948) et le Roumain Dionisie M. Pippidi (1905-1993, élu associé étranger de l'Académie en 1975) - soit au total pas moins de 172 lettres, dont la première remonte à 1955. L'ensemble, conservé, pour partie, dans le fonds Louis Robert de l'AIBL, et, pour l'autre, dans les archives de la famille Pippidi, est assorti de notes abondantes et d'un important dossier iconographique de provenances diverses. Par-delà l'édition de cette documentation, ce livre, qui comporte plusieurs chapitres introductifs, permet de replacer dans leur contexte des témoignages de première main sur les pratiques de la sociabilité savante, les milieux intellectuels et les transformations institutionnelles qui ont formé la toile de fond d'une collaboration fructueuse dans le domaine de l'épigraphie grecque - ce que reflètent d'innombrables publications ponctuelles, mais aussi des corpus, des monographies ainsi que l'impitoyable Bulletin épigraphique. L'intérêt marqué par Louis Robert pour les antiquités de la cité d'Istros, reflets de l'hellénisme pontique, remontait, il est vrai, à la fin des années 20. Parmi les fruits de l'enquête menée ici, l'on retiendra aussi de nombreux éclairages sur l'atmosphère politique pesant alors sur la Roumanie, qui transparaît en filigrane dans bien des échanges sur trois décennies, alors que la surveillance généralisée exercée par le régime communiste roumain entravait la productivité des historiens de ce pays, contraints d'arbitrer sans cesse entre cet état de fait et leur quête de liberté.

This book gives the edition of the almost complete correspondence in French between two leading epigraphists of the 20th century, the Frenchman Louis Robert (1904-1985, member of the Académie des Inscriptions et Belles-Lettres since 1948) and the Romanian Dionisie M. Pippidi (1905-1993, elected as foreign associate of the Academy in 1975) - in all, 172 letters, the first of which dates back to 1955. These letters are held partly in the Fonds Louis Robert at the AIBL, while the rest are kept in the archives of the Pippidi family. They are accompanied by extensive notes and a large file of images from a variety of sources. Besides the publication of this evidence, this book, which includes several introductory chapters, allows to contextualize first-hand accounts of practices of scholarly sociability, intellectual circles and institutional transformations that formed the backdrop to a fruitful collaboration in the field of Greek epigraphy - as reflected in countless specialised publications, but also in corpora, monographs and the merciless Bulletin épigraphique. Louis Robert's interest in the antiquities of the city of Istros, a reflection of Pontic Hellenism, goes back to the late 1920s. The research carried out here also sheds light on the political atmosphere in Romania at that time, which is reflected in many of the exchanges during three decades, while the widespread surveillance exercised by the Romanian Communist regime hampered the productivity of the country's historians, who were forced to constantly arbitrate between this reality and their quest for freedom.